La Russie, qui préside ce Sommet, ne compte pas inscrire à l'ordre du jour le dossier syrien qui envenime sa relation avec les Occidentaux. Elle n'exclut pas, cependant, d'en parler, car « le G20 a été créé pour résoudre les problèmes économiques et financiers » et la Syrie « ne figure pas à l'agenda du sommet de Saint-Pétersbourg », a précisé le ministère russe des Affaires étrangères, Serguei Lavrov, tout en ajoutant que « tout responsable politique peut mettre la question qu'il veut sur la table. Nous sommes prêts à une telle discussion ». Samedi dernier, le président Vladimir Poutine a jugé que le Sommet représentait « un bon terrain » pour discuter du problème, même s'il ne pouvait « pas remplacer le Conseil de sécurité » de l'ONU. « Pourquoi ne pas en profiter ? », a lancé le chef de l'Etat russe. Aucune rencontre bilatérale n'est prévue entre lui et le président américain, Barack Obama, qui avait déjà annulé sa visite à Moscou, prévue avant le G20, en raison de l'asile politique accordé par la Russie à l'ex-consultant du renseignement américain, Edward Snowden, qualifié, hier, par Poutine de défenseur des droits de l'Homme. La riposte d'Obama ne s'est pas faite attendre. En marge du Sommet du G20, le président américain a, de son côté, prévu des rencontres avec des militants des droits de l'Homme russes, dont l'une des plus anciennes militantes des droits civiques en Russie, Lioudmila Alexeïeva, qui a déclaré qu'elle assistera à la réunion, et l'association de défense des droits des homosexuels Vykhod, qui a organisé cette année des manifestations contre Vladimir Poutine à Saint-Pétersbourg, l'une des premières villes de Russie à voter une loi, adoptée par la suite au niveau national, condamnant la « propagande homosexuelle » devant des mineurs. Barack Obama aura également des entretiens bilatéraux avec ses homologues français, François Hollande, et chinois, Xi Jinping, dont le pays est contre des « actions militaires bilatérales » en Syrie et souhaite une « solution politique » à la crise. Pour Sergueï Karaganov, de la faculté d'économie et de politique internationales à Moscou, les chefs d'Etat présents à Saint-Pétersbourg devraient même éviter la question syrienne, « sinon, elle divisera tellement le Sommet qu'il ne donnera pas grand-chose ». La rencontre s'annonce déjà tendue au moment où les pays émergents subissent les effets des projets de la Banque centrale américaine qui se prépare à réduire son soutien à l'économie, poussant les investisseurs à revenir vers les Etats-Unis dans la perspective d'une hausse des taux dans la première économie mondiale. Pour faire face à la situation, alors que leur économie est en baisse, les Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) comptent afficher un front commun et demander aux Etats-Unis de prendre garde aux dommages collatéraux de leur politique monétaire. Entre la crise syrienne et la situation des pays émergents, « ce Sommet devrait être le G20 le plus porteur de divisions jamais organisé », avertit l'économiste Chris Weafer.