Poutine et Obama seront face à face à Saint-Pétersbourg après avoir échangé des propos doux-amers sur la Syrie Les dirigeants des principaux pays riches et émergents de la planète doivent officiellement se consacrer aux questions économiques et financières. Les chefs d'Etat ou de gouvernement du G20 se réunissent jeudi et vendredi à Saint-Pétersbourg en Russie pour un sommet qui s'annonce tendu en pleines crise syrienne et tempête financière sur les pays émergents, nouvelle épine dans le pied de l'économie mondiale. Les dirigeants des principaux pays riches et émergents de la planète doivent officiellement se consacrer aux questions économiques et financières. Mais sur fond de tensions autour d'une éventuelle intervention militaire en Syrie, la rencontre dans l'ancienne capitale impériale russe devrait être dominée par «l'actualité diplomatique», reconnaît une source diplomatique française. Du côté de la présidence russe, on martèle que le sujet «ne figure pas au programme», comme l'a rappelé la représentante du Kremlin pour le G20, Ksenia Ioudaeva. Le sommet doit donner la priorité à la croissance et intervient à un moment où «l'économie mondiale se trouve de nouveau dans une zone à risque», a prévenu mercredi dernier Vladimir Poutine. Alors que la zone euro, sortie de récession, semble voir la lumière au bout du tunnel, les pays émergents, Inde, Brésil et Turquie en tête, sont en prise avec un plongeon de leur monnaie, conséquence du changement annoncé de la politique monétaire américaine. La banque centrale des Etats-Unis inonde depuis des années le système financier de liquidités pour maintenir des taux d'intérêt à très bas niveau et soutenir l'activité économique. Cet argent disponible à moindre frais s'est en grande partie orienté vers les marchés émergents, où les taux d'intérêt plus élevés et la croissance plus rapide promettaient des rendements juteux. Mais avec la reprise économique aux Etats-Unis, la Réserve fédérale américaine (Fed) se prépare à lever le pied et les investisseurs reviennent vers la première économie mondiale, d'autant que la croissance a tendance à se tasser dans les pays émergents. Le sujet «est porteur de divisions, car les effets négatifs sont déjà clairement visibles sur les monnaies des pays émergents», prévient Chris Weafer, de la société de conseil Macro Advisory. Pour l'économiste, les pays concernés vont demander à la Fed de réduire son soutien à l'économie «en prenant en compte les dégâts collatéraux autant que ses seuls intérêts nationaux». Lors de la dernière rencontre préparatoire des ministres des Finances du G20 fin juillet à Moscou, le Brésil et la Russie avaient demandé aux Etats-Unis une communication claire sur le sujet, un message repris dans le communiqué final de la rencontre. Depuis, le mouvement s'est encore accéléré. Les monnaies indiennes et turques ont affiché des chutes vertigineuses de près de 25% et 11% respectivement depuis le début de l'année et atteint des niveaux record de faiblesse malgré les tentatives des banques centrales d'endiguer le mouvement. Au Brésil, où le réal a plongé de 15%, la banque centrale a annoncé qu'elle allait consacrer 50 milliards de dollars à la défense de la monnaie. La Russie, qui espérait profiter de la présidence du G20 pour afficher son ouverture économique aux investisseurs de la planète, ne devrait pas manquer de relayer ces inquiétudes: le rouble a perdu environ 10% de sa valeur et la croissance y a brutalement ralenti au début de l'année. La crise des pays émergents «sera une ombre portée» sur le sommet, constate une source diplomatique française. Si elle s'amplifie, «il faudra une discussion sur la réalité de la fin de la politique monétaire accommodante des Etats-Unis». Côté américain, on souligne que si la banque centrale américaine change de politique, c'est que la première économie mondiale repart, ce qui constitue en soi une bonne nouvelle pour la planète. Les échanges s'annoncent d'autant plus tendus entre pays émergents et occidentaux que l'accélération de la crise syrienne a intensifié la tempête sur les marchés. En période d'instabilité, les investisseurs préfèrent rapatrier leurs actifs en lieu sûr, et la perspective d'une flambée des cours du pétrole risque de fragiliser encore davantage certains pays..