Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.
« Une rentrée sociale sous la bannière de la prise en charge socio-sécuritaire de l'artiste » Abdelkader Bendamèche, président du Conseil national des arts et lettres
M. Abdelkader Bendamèche vous êtes à la tête du Conseil national des arts et des lettres, quelles sont les missions que cet organisme s'assigne ? La mission essentielle du conseil est celle de l'établissement du statut de l'artiste. C'est-à-dire la mise en place d'un certain nombre de règles qui régissent la vie et le métier de l'artiste dans toutes les branches professionnelles ouvertes. Cela va de la prise en charge socio-sécuritaire jusqu'au fichier national et la carte d'identité en passant par la reconnaissance de l'artiste. Depuis la mise en place du conseil en question il y a quelque temps, beaucoup a été dit à propos notamment de la carte nationale et du statut de l'artiste, où en est le projet aujourd'hui ? Ce conseil a été installé le 5 avril 2012. Placé sous l'autorité directe du ministère de la Culture, il est constitué de onze membres parmi les personnalités compétentes dans tous les domaines des arts et des lettres, d'un président désigné par Mme la ministre de la Culture et de deux vice-présidents représentant les ministères de la Culture et du Travail. Depuis la date de son installation, le conseil s'attelle à étudier les textes règlementaires adéquats en relation avec les directions concernées du ministère de la Culture, à savoir les études juridiques et patrimoine immatériel, ainsi ceux du ministère du Travail (direction générale de la sécurité sociale) et des services du Chef du gouvernement. S'agissant de textes importants du rang de décret, c'est à ces services qu'échoient l'étude et l'émission en dernier ressort. Nous nous retrouvons dès la rentrée sociale pour concrétiser le premier volet qui est celui de la prise en charge socio-sécuritaire. Le second volet, celui de la carte d'identité de l'artiste et celui du fichier, est activement mené en parallèle. Est-ce que l'opération de recensement des artistes est menée à terme ? Oui, cette opération est menée par la direction du patrimoine immatériel du ministère de la Culture à travers l'ensemble des directions de la culture du territoire national depuis le début de cette année 2013. A ce jour, elle suit son cours normalement. Quels sont les artistes qui sont éligibles ? Il y a certes des critères d'éligibilité à l'obtention de la carte d'artiste. Ce dossier est en cours d'étude par le conseil. Cependant, je dirai que la condition d'un artiste est connue de par le monde. Nous adapterons les critères classiques du mieux que nous pourrons à la situation algérienne. Vous avez été commissaire du Festival national de la chanson chaâbi. Qu'est-ce que cette manifestation annuelle a apporté pour cette musique typiquement algérienne qui semble perdre du terrain ces dernières années ? Non, pas du tout ! bien au contraire, elle en a gagné et beaucoup même, car dès l'institution de cette manifestation en 2006, nous avons consacré tous nos efforts à la recherche et la découverte de jeunes talents à travers le territoire national, leur formation et leur promotion lorsque les moyens nous ont permis cela. Nous avons organisé des journées d'étude à Mostaganem, Jijel, Constantine, Béjaia, Chlef et à Alger, lors des différentes finales de 2006 à 2012. Des diwans étaient publiés et distribués aux candidats, afin de leur permettre d'avoir une référence poétique concrète et avérée. L'intitulé de notre action était « la connaissance et le savoir » que nous mettions quotidiennement en pratique sur le terrain. Le chaâbi ne meurt jamais, même lorsqu'à travers l'histoire il s'estompe, il renaît toujours de ses cendres. La suite de cette institution est assurée par la nouvelle équipe qui se consacre, elle aussi, à la mise en valeur de ce riche patrimoine ancestral et à sa transmission en direction de la jeune génération. Vous êtes commissaire général du festival national de la poésie melhoun dédié à Sidi Lakhdar Benkhlouf. Cette manifestation se veut-elle une tentative de déterrement de cette figure emblématique de ce genre de poésie ? Oui, il s'agit effectivement de mettre en valeur ce monument culturel national et de faire asseoir définitivement sa dimension de fondateur de la poésie melhoun en Algérie à travers l'ensemble du Maghreb et même au-delà dans le monde arabo-musulman au XVIe siècle. Prince des poètes populaires et puissant laudateur du Prophète Mohamed (QSSSL), Sidi Lakhdar Benkhlouf est crédité de plusieurs autres facettes dont celles de chroniqueur, de sociologue, de moudjahid, de chef militaire et de prédicateur. Ce festival axe sa démarche sur la poésie melhoun essentiellement, et celle de Sidi Lakhdar Benkhlouf en particulier, dans un premier temps. Le verbe poétique est mis en avant, car c'est la poésie qui est la pierre angulaire de l'édifice. « Elle est le magasin des connaissances des arabes », disait Taha Hussein. Nous avons annoncé déjà la couleur de la démarche scientifique dans notre action lors de la première édition qui vient de baisser rideau. Cette démarche s'est traduite par un colloque national sur la poésie melhoun tenu le mercredi 21 août 2013 à la Maison de la culture Ould-Abderahmane Kaki de Mostaganem et la lettre du melhoun algérien qui sera publiée et lancée dès le mois de décembre 2013. Vous publierez un livre (biographie et diwan) sur Sidi Lakhdar Benkhlouf. Parlez-nous en un peu. N'estimez vous pas qu'il est grand temps de sortir de l'oralité ? Effectivement, ce projet de publication m'anime depuis fort longtemps. Il a été mis en chantier il y a deux années déjà. Il comporte d'abord un itinéraire renseigné du barde, en français avec une traduction en arabe réalisée par Hadj Bouferma, descendant de Sidi Lakhdar Benkhlouf et ensuite un diwan constitué de 170 poésies. Il comporte aussi un index pour une meilleure compréhension du poète et de ses poésies. Je mène ce travail, qui verra le jour l'année prochaine, avec plusieurs de mes amis, d'Alger, de Blida, de Mostaganem et de Sidi Lakhdar. Il s'inscrit en droite ligne avec la mission que je me suis fixée depuis toujours celle de la fixation de la mémoire qui fait partie intégrante du patrimoine immatériel. Elle risque, si nous ne la publions pas, d'être ensevelie par la marche inexorable du temps et de l'oubli.