Le coup de starter de la compétition du 7e festival d'Oran du film arabe (FOFA) a été donné, mardi dernier au soir à Oran par la projection de cinq œuvres récemment réalisées. Il s'agit d'une production mauritanienne « Les fleurs de Twilit », réalisée par le critique tunisien Wassim Kortbi qui en est à sa première œuvre cinématographique. L'histoire gravite autour d'un homme qui fuit la vie sociale, ses tensions pour vivre en compagnie de son épouse dans une hutte isolée au cœur du Sahara. Le film a été tourné au village mauritanien « Twilit ». Un film basé sur le silence. Profond et touchant. Cette fiction se propose de donner des fresques de l'identité nationale dans son aspect le plus significatif et le plus large. Le réalisateur indique en marge de cette projection : « Le silence est parfois plus éloquent que la parole ». De son côté, le réalisateur algérien Akram Zaghba a abordé dans son film « La gandoura blanche » l'histoire d'un jeune manipulé par une organisation terroriste pour commettre un attentat-suicide. Des luttes, des angoisses et le retour aux sources sont décrits avec dextérité grâce au talent des acteurs. Vivre dignement, aimer sincèrement, atteindre ses rêves, écouter l'autre, vivre en harmonie et en communauté, toutes ces valeurs humaines ont été fortement exprimées dans ce film. Pour sa part, la réalisatrice marocaine Asmae El Modir nous expose une histoire attachante. Les péripéties de « Alwan assamt » (Couleurs du silence) sont inspirées de faits réels qui retracent l'histoire d'un marin qui rêvait d'améliorer les conditions de vie de sa petite famille, mais qui a trouvé la mort avant de pouvoir réaliser son rêve. Cette production contribue aussi à relancer la réflexion identitaire de l'heure malgré l'évolution des époques. Même si le film se rapproche d'un genre nouveau, cette jeune cinéaste a tenu à parfaire son travail. Cette histoire nous transporte dans la chaleur d'une vie sociale parfois perturbée. Les acteurs ont su transporter au téléspectateur la sincérité dégagée dans leur jeu. Des scènes cadrées et bien jouées ne donnant pas cette impression de discours anarchiques qui manquent de recherche et de talent. Dans un autre registre, le réalisateur bahreïni Amar Kahouadji a présenté, dans son film « Sokoone », (silence) le parcours de deux filles : une riche blonde et une noire pauvre pour décrire le destin d'une femme soumise dans les sociétés patrimoniales. Aujourd'hui, les films d'Amar Kahouadji suscitent toujours autant d'intérêt qu'au cours de sa carrière dans le cinéma. Il a l'art de sublimer les situations quotidiennes anodines vécues par tout le monde. A la lumière des réflexions émises le film est mieux compris et mieux situé. Ces analyses constituent un excellent enrichissement social et culturel. En dernier, le public a dû suivre le film irakien « happy bithday », (un joyeux anniversaire) de Mohaned Hayal. En un quart d'heure, ce court métrage retrace la vie d'un enfant qui célèbre son cinquième anniversaire dans un cimetière que fréquentait sa mère pour se recueillir sur la tombe de son père. Cette fiction de 9 minutes, réalisé par Mohaned Hayal, se propose de donner des fresques de notre société actuelle, dans son aspect le plus significatif et le plus large. Dans ce même espace, le public a suivi, dans le registre de la compétition des documentaires un film intitulé « Layali bila noum », (nuits sans sommeil) de la réalisatrice libanaise Elian Raheb. C'est le témoignage de deux personnes irrémédiablement marquées par la guerre du Liban : l'ancien responsable des services secrets de la milice chrétienne des « Forces Libanaises », Assaad Shaftari, en quête de rédemption, et Maryam Saidi, qui recherche désespérément son fils communiste Maher, disparu il y a 30 ans au cours d'une opération militaire planifiée par le parti de Assaad. Leur rencontre pourrait-elle apporter de l'espoir et fermer les plaies d'une guerre civile ? En tout cas, ce film interpelle l'opinion autour de la lutte plurielle contre la guerre. Une histoire qui nous transporte dans la chaleur d'une vie sociale parfois perturbée. L'enjeu est de parler à tous : grand public, jeune, moins jeune, en tenant un discours en phase avec la réalité et ce que vivent les gens. Dans la section des longs métrages, la soirée de ce mardi a été ponctuée par la projection de deux films ; « Asham » de l'Egyptienne Maggy Morgan et « Scenario » du Koweitien Tarek Ezzamel. Il faut dire que ces deux films se livrent à un bras de fer vu qu'ils ont réussi à tenir en haleine un public réduit mais de qualité. Le premier film tourné en 2012 et qui a concouru pour le prix remis par le FIFOG dans la catégorie éponyme, met en scène six couples issus de différents milieux de la société égyptienne, et dont les histoires vont s'entremêler. A travers l'humour, l'espoir est évidemment très présent dans le film. Il est surtout symbolisé par Asham (joué par Shady Habashy), un vendeur ambulant qui donne des conseils aux passants, alors qu'il est peut-être celui dont la situation est la moins enviable. Maggie Morgan confie d'ailleurs avoir eu l'idée de son film en voyant un homme distribuer des flyers dans la rue, en costume de clown. Peu de temps après, elle lit un poème d'Amin Haddad dont l'un des vers dit « Personne ne mérite de porter un énorme costume et de se tenir devant un fast-food », ce qui lui donne le point de départ à son scénario. La réalisatrice a expliqué après la projection avoir demandé à ses acteurs d'improviser, élément procurateur de la fraîcheur du film. Quant au second film, il est réalisé à l'américaine. Il est important de savoir que le réalisateur Tarek Ezzamel a réussi une prouesse technique surtout qu'il a pratiquement réalisé son film dans une demeure. Revoilà un film qui s'inspire des meilleurs films policiers américains des années (80- 90). Tarek Ezzamel parvient à nous glorifier, dans ses œuvres des valeurs humaines importantes. Il saura exposer la nature humaine avec ses vertus et ses défauts. Il exprime et laisse transparaître des états d'âme actuels, sa révolte face à un monde en perdition.