Les cinq membres du Conseil de sécurité de l'ONU se sont unis pour la première fois autour d'une résolution concernant la Syrie. Après des semaines d'intenses tractations, la Russie et les Etats-Unis sont parvenus, jeudi à l'ONU, à un accord sur un texte encadrant la destruction de l'arsenal chimique. Cette résolution, qui devait être votée hier soir, constitue une percée diplomatique majeure. La nouvelle résolution prévoit la possibilité pour le Conseil de prononcer des sanctions à l'encontre du régime de Bachar Al Assad si le plan de désarmement chimique n'est pas respecté. Ce dernier a réaffirmé dans un entretien à la chaîne vénézuélienne Télésur qu'il ne poserait « pas d'obstacles », soulignant que son pays se considérait « généralement comme engagé par toutes les conventions » qu'il signait. Cependant, le texte ne précise pas quelles sont les mesures envisagées et n'impose pas de sanctions automatiques. En cas de violation des engagements, il faudrait une deuxième résolution, ce qui laisse à Moscou, allié de Damas, un droit de regard et une possibilité de blocage. « Il s'agit d'une avancée très significative avec un Conseil de sécurité qui agit, de façon unie, pour imposer des obligations légales et contraignantes à la Syrie pour la première fois », a réagi Samantha Power, ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU. Néanmoins, le vote de la mouture exige le feu vert de l'OIAC (Organisation pour l'interdiction des armes chimiques) au plan de démantèlement mis au point, le 14 septembre, à Genève, par les Russes et les Américains. Ses inspecteurs, qui se trouvent en Syrie, doivent commencer leur travail au plus tard mardi, assure le texte du projet de décision de l'OIAC, qui s'est réuni également hier afin de donner ou non son accord. Les enquêteurs devront également avoir accès à tous les sites suspects qui ne seraient pas inscrits dans la liste officielle fournie par la Syrie le 19 septembre. Par ailleurs, sur le plan politique, l'opposition a accusé les djihadistes étrangers d'avoir « volé la révolution ». Son chef, Ahmad Jarba, dont les propos ont été tenus jeudi devant le groupe des Amis de la Syrie (pro-opposition) en marge de l'Assemblée générale de l'ONU à New York, a accusé le régime syrien d'avoir « créé des organisations terroristes » locales dans les zones d'où s'était retirée l'armée syrienne. Notons que mercredi dernier, 13 groupes majeurs d'insurgés syriens ont rompu avec la Coalition nationale syrienne (CNS) et constituent une nouvelle force islamique.