Intervention - Le Président syrien, Bachar al-Assad, a renouvelé son engagement à détruire son arsenal chimique et à ne pas faire obstacle à ce processus, dans une interview à la chaîne vénézuélienne Telesur. «La Syrie s'engage généralement à toutes les conventions qu'elle signe. Elle a remis dernièrement l'inventaire (de son arsenal chimique) à l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) et prochainement, des experts se rendront en Syrie pour vérifier l'état des lieux de ces armes», a indiqué M. Assad dans cet entretien réalisé à Damas et diffusé intégralement ce matin par l'agence officielle Sana. «Concernant le gouvernement syrien, il n'y a vraiment pas d'obstacles», a-t-il précisé. Le président syrien, Bachar al-Assad, n'écarte toutefois pas une intervention armée des Etats-Unis dans son pays, en dépit des discussions en cours sur le démantèlement de son arsenal chimique. «La possibilité que les Etats-Unis lancent une attaque contre la Syrie est toujours réelle. Soit sous le prétexte des armes chimiques, soit pour d'autres prétextes», a-t-il assuré. «Si on jette un coup d'œil aux guerres précédentes, aux politiques des Etats-Unis, au moins à partir de la première moitié des années cinquante, on voit qu'il s'agit d'une politique qui passe d'une agression à une autre. Cette politique n'a pas changé et je ne vois pas maintenant de raison particulière pour qu'elle change», a jugé le président syrien. Barack Obama a réclamé mardi une résolution «ferme» du Conseil de sécurité assortie de «conséquences» sur la Syrie depuis la tribune de l'ONU, où les pays occidentaux et la Russie s'opposent sur un éventuel recours à la force. «Les Etats-Unis ne peuvent pas avoir recours au Conseil de sécurité comme ils le faisaient dans les années 90, il y a davantage d'équilibre en son sein» aujourd'hui, a encore jugé le président syrien, en allusion à la présence de son allié russe. A Damas, l'équipe d'experts dirigée par Aake Sellström est arrivée dans un convoi de trois véhicules de l'ONU. Elle doit vérifier «13 ou 14» allégations des deux camps sur un recours à l'arme chimique dans les combats à travers le pays. M. Sellström avait indiqué récemment que son équipe espérait pouvoir présenter un rapport final sur les accusations «peut-être à la fin octobre». En août, ils avaient enquêté sur une attaque à l'arme chimique du 21 août près de Damas. Dans leur rapport du 16 septembre, ils avaient conclu à l'utilisation de gaz sarin à une large échelle dans cette attaque, sans toutefois pointer du doigt les responsables. Si pour Washington, Paris et Londres, ce rapport ne laissait «aucun doute» quant à la «responsabilité extrêmement claire» du régime syrien, la Russie l'a en revanche fermement dénoncé. Moscou avait, dès sa parution, réclamé le retour de la mission en Syrie pour une nouvelle enquête affirmant avoir des preuves que les attaques ont été perpétrées par les rebelles. Nouvelle fracture dans l'opposition Sur le terrain, la rébellion s'est fracturée encore davantage, les principaux groupes islamistes rompant avec l'opposition politique et annonçant une nouvelle alliance avec un groupe lié à Al-Qaîda. Mardi, 13 des plus importants groupes rebelles islamistes annonçaient qu'ils rompaient avec la Coalition nationale syrienne (CNS) en exil, ce qui a porté un nouveau coup à celle-ci. Dans un communiqué, les signataires affirment que la Coalition «ne nous représente pas et nous ne la reconnaissons pas», appelant «tous les groupes civils et militaires à s'unir sous la bannière de la charia (loi islamique)». «Ceci est extrêmement dommageable» pour l'Armée syrienne libre (ASL), jusqu'à présent principale coalition de groupes armés liée à l'opposition en exil, car les 13 groupes «représentent une portion significative de l'opposition armée et regroupent ses meilleurs combattants», selon Charles Lister, un analyste au IHS Jane's Terrorism and Insurgency Centre.