Curieux par la fantasia, de nombreux étrangers de passage dans la région de Tlemcen, en faisant escale à Sebdou, distante d'une trentaine de kilomètres du chef-lieu de wilaya, ont pu admirer et prendre part à la waâda de Ouled Ourieche, vendredi dernier. Ce mawssim qui remonte à l'époque ottomane, est une fête locale populaire. Il est célébré tous les ans en période automnale. Le folklore se mêle au religieux, et la fantasia est maîtresse des lieux. Ces touristes, qui se sont mêlés à des centaines de citoyens venus de partout, ont été émerveillés par El goum (cavaliers). Juchés sur leur chevaux, au galop en groupes serrés, penchés sur leur bête, ils se redressent tout à coup, droits sur leurs étriers, pour tirer ensuite, tous ensemble, sans ralentir l'impétuosité de leur élan. Du spectacle plein les yeux. Avec une adresse incomparable, ils font tournoyer leurs fusils à bout de bras, au milieu d'un nuage de fumée. A la fin de leur triple galop, de leurs fusils, retentit une explosion comme la foudre ; puis disparaissent dans la poussière, cédant le terrain à un autre peloton qui offre un autre tableau coloré. Non loin de l'hippodrome, une troupe de danseurs, regroupés autour de l'orchestre, se livrent à des danses folkloriques, tel El Allaoui. Les chasseurs d'images armés de leurs appareils photos, sont partout. Aux yeux de cette délégation étrangère, cette manifestation est singulière, avec ces tentes dressées, et cette poussière dégagée par les chevaux. Un mode de vie qui, de leur avis, remonte à plus d'un siècle. Le campement, au lieu du saint Sidi Tahar, se fait la veille de cette manifestation de deux jours. Cette manifestation équestre, que l'on retrouve dans diverses régions du pays, est une occasion pour de nombreux vendeurs ambulants d'étaler leurs marchandises. Il y a même des « médecins charlatans » qui exposent « leurs produits miracles » pour la guérison de nombreuses maladies. Assiégés par la foule, ces pseudo-praticiens, munis de leur mégaphone, expliquent les bienfaits de tel ou tel produit. Profitant de la naïveté des gens, ils arrivent à écouler leur marchandise. Lors de ce mawssim, les femmes préparent le couscous, qu'on offre aux invités, durant toute la durée de cette rencontre. La population locale a su sauvegarder ce patrimoine culturel. Fantasia, jeux traditionnels, folklore et autres activités commerciales donnent un cachet spécial à cette waâda à laquelle ont participé des centaines de cavaliers issus de plusieurs régions de l'ouest du pays. Il est à noter que la waâda des Ouled Ourieche, tout comme les autres waâdate célébrées à l'échelle nationale, demeurent des carrefours d'échange, de culture et de réconciliation.