Pour le million de salariés qui continueront à travailler, issus des catégories des contrôleurs aériens, des gardiens de prison, des scientifiques, des stations spatiales internationales et des agents des services secrets, ils seront obligatoirement payés, mais vraisemblablement avec des retards conséquents. Ce blocage budgétaire intervient après six mois de bras de fer au Congrès entre démocrates, majoritaires au Sénat, et républicains, majoritaires à la Chambre des représentants, farouchement hostiles à toute hausse d'impôts et revendiquant, en vain, la suppression de « l'Obamacarre », surnom de la réforme du système de santé portée par Barack Obama et entrée en vigueur comme prévu. Après plusieurs heures de débat, enclenché lundi, aucun accord n'a pu valider le budget voté par le sénat et prévoyant la réduction du déficit de 1 800 milliards de dollars sur 10 ans. Le second Shutdown (fermeture) n'est pas un fait isolé. Depuis 1976, l'Amérique a vécu 17 Shutdown dont le dernier en date remonte à l'ère Clinton confronté, pendant l'hiver 1995-1996, au même scénario de mise au chômage technique partiel de 800 000 fonctionnaires, du 14 au 19 novembre 1995, et de 280 000 autres, durant la période allant du 16 décembre 1995 au 7 janvier 1996. Inévitablement, le fléau américain « aura des conséquences très réelles pour des gens dans la vraie vie, et tout de suite », selon le président Obama. Mais, la lame de fond touche aux fondements et à la crédibilité de l'Hyperpuissance. La gouvernance américaine est en crise. Pour le chef du Pentagone, Chuck Hagel, les Etats-Unis ont oublié que « le consensus et le compromis » constituaient « l'essence » de la gestion des affaires dans une démocratie. Dans le monde, le branle-bas de combat agite, notamment, les grandes capitales occidentales hantées par le « risque » d'effondrement généralisé, dans le contexte de la grande dépression économique et financière. « C'est un rappel pour nous tous : nous devons avoir des systèmes de dépenses, d'impôts, de plans de réduction du déficit correctement planifiés », a mis en garde le Premier ministre britannique, David Cameron. C'est que, et c'est bien réel, l'impact attendu sur le produit intérieur brut (PIB) de la première économie mondiale, et donc, de l'ensemble du globe, est tributaire de la durée de la paralysie et de la reprise de l'économie mondiale, « avec deux moteurs, les Etats-Unis et la Chine, qui sont hésitants » et pouvant « à tout moment basculer », rappelle l'économiste, Frédérik Ducrozet.