Comme il fallait s'y attendre, l'Etat hébreu n'a pas tardé à faire part de son désaccord, voire même de son inquiétude, après la désignation par le président américain de Chuck Hagel pour diriger le Pentagone durant son second mandat à la Maison-Blanche. “La nomination de Hagel n'influe pas seulement sur Israël, mais sur l'ensemble de l'équilibre stratégique mondial. La théorie du "splendide isolement" défendue par Hagel modifie la stratégie américaine dans le monde", a affirmé hier le président du Parlement israélien, Reuven Rivlin, critiquant ainsi le choix du président américain Barack Obama de nommer l'ex-sénateur Chuck Hagel comme secrétaire à la Défense. “Cette conception doit susciter l'inquiétude d'Israël, mais ne doit pas lui faire peur", a souligné Reuven Rivlin, membre du Likoud, le parti du Premier ministre, Benjamin Netanyahu. Relativisant, toutefois, l'importance de cette désignation, il a ajouté : “Une personne ne peut déterminer seule la politique (d'un pays), cette nomination ne constitue pas un danger pour les relations stratégiques entre Israël et les Etats-Unis." Le président du Parlement israélien a été déjà devancé par le ministre chargé de la Défense passive, Avi Dichter, qui a été le premier membre de l'Exécutif à s'exprimer sur la désignation de Chuck Hagel en appelant à “faire preuve de prudence". “Il y a eu dans le passé des nominations qui paraissaient inquiétantes, mais en fin de compte, la réalité a été totalement différente, que cela soit en bien ou en mal", avait rappelé Avi Dichter à la radio publique. Des poids lourds du parti républicain reprochent à Chuck Hagel ses positions passées, dont notamment sa supposée tiédeur envers Israël et son refus de sanctions contre Téhéran. Il a tenté de lever cette hypothèque en assurant l'Etat hébreu de son soutien total", peu après l'annonce de sa nomination lundi par Barack Obama. Ceci étant, la nomination de M. Hagel devra être entérinée par le Sénat, où les alliés du locataire de la Maison-Blanche ne disposent pas de la majorité qualifiée nécessaire pour surmonter une obstruction du parti républicain, auquel il appartient. Les journaux israéliens étaient partagés, hier, dans leurs commentaires sur cette désignation. Le quotidien Yédiot Aharonot affirme que Chuck Hagel au Pentagone est “le pire cauchemar pour le gouvernement de droite qui devrait être formé après les élections", en référence à la probable victoire de la majorité de Benjamin Netanyahu. D'autres soulignent en revanche que le choix du président Obama est dicté par une stratégie américaine globale, dans laquelle Israël n'entre guère en considération. Le quotidien gratuit Israël Hayom (pro-gouvernemental) critique vertement ce choix. “Dans un monde utopique où règne le Bien, Chuck Hagel aurait sa place au Pentagone. Mais dans un monde où les centrifugeuses tournent en permanence dans des pays dangereux comme l'Iran, il s'agit d'un choix utopique", assène-t-il. M T