C'est une voix familière sur les ondes de la chaîne III qui vient de s'éteindre. Ghania Mekhoukh, connue sous son nom de journaliste Ghania Chérif, est décédée dans la nuit de lundi à mardi des suites d'une maladie.« Elle n'avait cessé de travailler jusqu'à sa récente hospitalisation », nous dit un confrère qui la qualifie par ailleurs « d'excellente journaliste ». Mère de Narimane une fille de 12 ans, elle venait de boucler ses 43 ans. Elle avait contenu le mal il y a quelques années mais la rechute lui a été cette fois-ci fatale. Mme Ghania Chérif, qui a passé son enfance et son adolescence dans la ville de Bejaia, était arrivée à la chaîne III au tournant des années 90. Les ondes s'ouvrirent au débat contradictoire et la scène politique sous l'effet de l'instauration du pluralisme s'emballa. Tant dans la presse écrite que dans l'audiovisuel, de nouveaux talents émergeaient. Titulaire d'une licence en langue française, ayant été proche des cercles de la gauche à l'université d'Alger, elle s'est vite distinguée dès son entrée à la radio en 1991 par une maîtrise de ses sujets et une passion pour le travail de terrain. Les médias algériens vivaient une sorte d'âge d'or avec la profusion de rencontres et de débats nés dans le sillage de l'ouverture politique. Ghania Cherif avait débuté dans le service politique qu'elle ne quittera plus. « C'etait sa raison d'etre , elle aimait se rendre la l'evenement se passe et avait une bonne connaissance de certains sujets comme ‘l'agriculture ou le social » nous dit sa collegue Nadia Fouzache, « Au dela de ses qualités profesionnnelles , elle avait aussi un grand coeur , se demenait , se pliait en quatre pour aider ceux qui avaient des problemes» Nous avons fait ensemble presque toutes les tripartites, les sessions du CNES», témoigne un autre journaliste pour qui « la défunte avait le souci d'arracher des déclarations en direct ». Connue pour sa prédilection pour le débat et l'échange d'idées, elle n'hésitait pas à empoigner son Nagra pour aller enregistrer ses émissions en dehors de la radio. Elle a eu ainsi à animer des émissions dont «l'invité de la rédaction», «En direct du parlement» où elle était connue et respectée. La défunte a eu également à organiser des débats sur la question du Sahara Occidental et le syndicalisme. Ghania Cherif, qui était rédactrice en chef spécialisée, ne se privait jamais de sortir sur le terrain. Elle dirigeait à ce titre le service reportage. A ses débuts, sa silhouette de femme menue était familière dans les sièges des partis, le ministère de l'Intérieur lors de tous les scrutins. Elle avait également couvert le dernier congrès du FLN mais ces dernières années, elle s'abstenait de sortir en dehors d'Alger. Il y a un peu plus d'une année, la chaîne III a perdu deux autres journalistes, Meriem Yacine et Mohand Saou. Ghania Cherif avait remplacé ce dernier pour animer l'émission « en toute franchise ». Elle avait reçu notamment Louiza Hanoun et le ministre de l'Agriculture, M. Benaïssa. Ghania Cherif entretenait des contacts directs et cordiaux avec de nombreux hommes politiques et des syndicalistes. Le directeur général de la radio, M. Tewfik Khelladi, en présentant ses condoléances à la famille de la défunte, a loué les qualités d'»une grande professionnelle qui a mis tout son talent et ses capacités au service de son métier». La défunte sera enterrée aujourd'hui au cimetière de Baïnem ou elle résidait depuis de longues années.