La Chaîne III de la Radio nationale a perdu une autre voix. Mohand Saou, journaliste et éditorialiste, est parti dans la soirée du lundi 20 avril presque sur la pointe des pieds. La discrétion jusqu'au bout du chemin. Dans le silence, Mohand Saou a supporté ses douleurs, soutenu par une épouse courageuse, Farida Larbi. Il n'a rien dit. Il a même continué à animer, chaque vendredi matin, son émission politique, « En toute franchise », avant qu'il ne soit affaibli par une foudroyante maladie. Sa collègue Ghania Chérif a pris le relais pour que le service public continue. Mohand Saou, qui a rejoint la radio en 1983 à l'âge de 27 ans, avait une parfaite maîtrise du métier. Il avait fait du reportage et présenté les principaux journaux de la Chaîne III et avait occupé le poste exténuant de rédacteur en chef. Les impératifs radiophoniques, rapidité, précision et clarté, rendent infernale l'occupation de ce poste surtout dans un média public. Mohand Saou avait une grande admiration pour le débat contradictoire. Au milieu des années 1990, avec un fort esprit combatif, il avait assuré l'animation d'émissions audacieuses sur la situation difficile que traversait l'Algérie. Avec Bahi Barkat, « La voix de la nuit », et Zine Benbadis, « La belle plume », Mohand Saou passait ses nuits durant cette période de violence dans les services documentation de la radio. Tout comme Chadli Boufaroua, l'actuel directeur de la chaîne, qui dormait dans son bureau. Logé dans « les chambres sécuritaires » de Zéralda, le journaliste, comme beaucoup d'autres, a appris à préparer des plats dont le riz au thon, son préféré. Passer à l'antenne, avec une voix calme et posée, était un exercice facile pour Mohand Saou. Il exprimait ses opinions lorsqu'il le faut mais avec arguments. Tolérant et ouvert, il mettait toujours ses invités à l'aise. Il les laissait dire ce qu'ils pensaient dans la correction et le respect. Son passage à la direction de la Chaîne II (qui émet en tamazight) n'a pas duré. Il n'aimait pas trop le métier de gestionnaire. Il avait laissé sa place à Mohamed Guerfi. Mohand Saou était diplômé de l'Institut des sciences politiques et de l'information (ISPI) de l'université d'Alger. Il a été inhumé hier au cimetière de Sidi Ali, à Bordj El Bahri, à l'est d'Alger. Il était père de deux enfants. Sur le site officiel de l'ENRS (www.radioalgerie.dz), aucun mot n'a été publié sur le défunt journaliste ni aucune photo. Dommage.