RESUME : Wassil tente de joindre son amie Ghania. Il ignore si elle acceptera de reprendre avec lui. C'est sa belle-sœur qui lui répond et lui propose un rendez-vous. Il retourne ensuite voir le gardien de prison, devenu son ami qui lui donne de quoi louer une chambre… 4eme partie Wassil passe une nuit blanche bien qu'il soit mort de fatigue. Le lit en fer aurait pu lui paraître confortable s'il avait pu fermer l'œil, ne serait-ce qu'une demi-heure. Durant toute la nuit, il n'a cessé de penser à son avenir, de quoi il sera fait maintenant qu'il est libre, maintenant qu'il a un passé noirci, qui voudra de lui comme employé, qui aura la force de tout mettre entre les mains de la providence. Car ce ne sera pas évident de gagner la confiance des autres. Wassil prie de tout cœur pour avoir une seconde chance dans sa vie pour qu'il n'ait pas tout gâché. Il ne se le pardonnerait pas. Que faire dans ce bas monde sans famille, sans toit, sans travail ? Tout le forcera à mettre fin à sa vie uniquement pour ne pas avoir à recommencer. Il ne tenait pas à retourner en prison. Les années de détention lui ont suffi. Autant mourir que d'avoir à y retourner. Le jeune homme ne peut s'empêcher de penser à Ghania. Se demandant où elle pourrait être, ce qu'elle est devenue. Il se rappelle combien elle était belle. Elle n'avait que seize ans lorsqu'il l'avait connue et elle était au lycée, même si elle rêvait de partir à l'étranger pour y faire des études et aussi sa vie. Il se rappelle qu'ils s'étaient promis de se marier et de vivre heureux, loin de tous. En se rendant à son rendez-vous, il se demande si cela pourrait se réaliser un jour. Au niveau des arrêts, il y a plusieurs femmes. Wassil n'a pas le temps de les regarder avec insistance pour reconnaître celle qui lui avait parlé la veille au téléphone. De suite, une jeune en hidjab se détache du groupe et se dirige vers lui d'un pas sûr. Il ne sait pas comment elle a fait pour savoir que c'est lui A peine échangent-ils le bonjour qu'elle lui remet une enveloppe avec une adresse. - Comment m'avez-vous reconnu ? l'interroge-t-il curieux. - Ghania me parlait de vous et aussi, avant son départ précipité, elle m'avait demandé de vous dire qu'elle vous aimait beaucoup ! - Qu'est-ce qui s'est passé ? Pourquoi elle est partie ? Et où ? l'interroge-t-il gagné par l'inquiétude. - Elle a eu une demande en mariage peu de temps après votre condamnation. Comme mes beaux-parents voulaient la forcer, elle est partie ! Elle est à Paris. Je vous ai donné son adresse et son numéro de téléphone ! - Merci beaucoup ! Vous me sauvez la vie, dit Wassil. Vous ne pouvez pas savoir combien je tiens à elle ! - Appelez-la aussi vite que vous le pourrez ! Soyez heureux ! Wassil sent son cœur se serrer et souhaite que Dieu entende ce vœu si sincère. La belle-sœur de Ghania part sans même lui dire au revoir. Très heureux à l'idée de parler à Ghania dans un proche avenir, tout en la sachant en France, il va à la rencontre de son demi- frère. Mais ce n'est pas réciproque. Ils ne se parlent presque pas. Dès qu'il lui remet l'argent envoyé pas sa mère, il prétexte avoir des choses à faire uniquement pour le quitter. Wassil se presse d'aller téléphoner à sa mère pour la remercier. Elle a dû se serrer la ceinture depuis son entrée en prison pour pouvoir l'aider aujourd'hui. Pour la première fois depuis qu'il est libre, il s'offre un bon déjeuner tout en lisant les annonces de trois journaux. Il ne trouve rien qui lui convient, il se presse d'aller téléphoner à Ghania. Avec un peu de chance, elle lui répondra. Pour la première fois depuis trois ans, Wassil se sent revenir à la vie. A. K. (À suivre)