La situation économique va mieux. « Tous les indicateurs sont au vert », a soutenu, hier, Abderrahmane Toumi, de l'université de Boumerdès, qui s'est exprimé lors de la journée parlementaire sur l'emploi organisée, hier à Alger, par le groupe parlementaire de l'Alliance de l'Algérie verte (AAV). Mais pour cet enseignant en économie, « derrière cette apparence de bonne santé, se cache une réalité inquiétante ». Il explique que notre économie repose sur « une base fragile » et non « sur un tissu industriel solide ». Pour Hocine Toumi, professeur à l'université de Bouzaréah, l'économie nationale continue à se distinguer par son « opacité » et un mode de gestion « contradictoire ». Selon lui, l'emploi constitue un « défi chronique » pouvant, faute de prise en charge rapide et efficace, « entraîner le pays vers l'impasse ». Il regrette le fait que notre économie repose toujours sur la rente pétrolière. L'intervenant a mis en avant, également, le paradoxe du marché de travail en Algérie. Il a indiqué qu'au moment où les agriculteurs et le patronat réclament une main-d'œuvre, des milliers de jeunes Algériens se trouvent au chômage. Selon lui, cette contradiction peut s'expliquer par le déficit en communication entre les entreprises et les demandeurs d'emploi, et le refus des jeunes de travailler dans les secteurs qu'ils jugent pénibles, comme le BTPH et l'agriculture. Sur la réalité du chômage, les deux universitaires ont annoncé que le taux de chômage de 10% avancé par les pouvoirs publics ne reflète pas la réalité du terrain. M. Hocine Toumi avance le chiffre de 18%. Pour Abderrahmane Toumi, l'agriculture et l'industrie ne contribuent qu'à 25% de valeur ajoutée. Pour lui, cela reste insuffisant pour ces deux secteurs stratégiques sur lesquels reposent tous les espoirs pour booster l'économie nationale. Le même enseignant regrette que 10 wilayas sur les 48 accaparent 34% des projets accordés dans le cadre des différents dispositifs de création d'emplois à savoir, la Cnac, l'Ansej et l'Angem. Il a soutenu que ce genre de gestion est la cause de la distribution inéquitable des richesses. Ould Khelifa recadre Khababa Cette journée a été marquée par l'intervention du président de l'APN qui a jugé bon de recadrer le président du groupe parlementaire de l'AAV, Youcef Khababa, qui a estimé que la politique de l'Etat a pour objectif principal d'« acheter la paix sociale ». Pas forcèment, rétorque Larbi Ould Khelifa, estimant que la création d'emplois passe impérativement par la croissance. Il a indiqué que le chômage n'est pas propre à l'Algérie. « Pour comprendre le marché de l'emploi en Algérie, ajoute M. Ould Khelifa, il faut voir ce qui a été réalisé depuis 1962 ». Pour lui, ce qui a été réalisé pendant cette période est énorme et personne ne peut le nier. « Ce n'est pas juste de dire que la politique de l'Etat vise à acheter la paix sociale », affirme-t-il. Il n'a pas manqué d'attirer l'attention des participants sur la décennie noire durant laquelle « la base industrielle de notre pays a été frappée de plein fouet et, par voie de conséquence, des entreprises ont été fermées et des milliers d'emplois supprimés ». M. Ould Khelifa a reconnu qu'il y a des correctifs à apporter en mettant un terme à la politique de l'assistanat.