L'Afrique du sud a abrité, hier, un sommet africain sur la situation au Congo démocratique où la rébellion du M-23 en déroute vit apparemment ses dernières heures. Pretoria arrivera-t-elle à trouver une issue heureuse à la crise congolaise enlisée dans un processus de négociation qui, amorcé en décembre dernier à Kampala, n'a pas donné de résultats tangibles ? Face à cette impasse, caractérisée par la persistance des divergences entre Kinshasa et le M-23, la détérioration de la situation sécuritaire s'est accentuée. Tout à l'avantage de l'armée régulière, les combats font toujours rage à l'Est du RDC. Comme l'atteste la prise de Mbuzi dans la mi-journée, alors que les violences se poursuivaient sur les hauteurs de Chanzu et Runyonyi, les deux dernières positions du M-23, près de la frontière avec le Rwanda et l'Ouganda. Près de 200 à 300 combattants, selon certaines estimations, s'y sont retranchés. Délogé de la place forte de Bunagana (80 km de Goma, la capitale du Nord Kivu), le M-23 est poussé dans ses derniers retranchements. Rien n'indique une quelconque accalmie, malgré le cessez-le-feu décrété par la rébellion. Bien au contraire, en mettant la pression, Kinshasa a mené une offensive ininterrompue condamnée par la direction du Mouvement qui a regretté, dans un communiqué diffusé, hier, « la poursuite des attaques à l'arme lourde », conduites par les Forces armées de la RDC. Le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende Omalanga, a rétorqué que le communiqué annonçant l'ordre de cessez-le-feu ne correspondait « pas à ce qui avait été prévu ». Selon lui, la délégation rebelle représentée à Kampala s'était engagée à déclarer la fin de la rébellion du M-23 dont, par ailleurs, la dissolution est réclamée par l'ONU, les Etats-Unis et l'Union européenne. Le chef de la Mission onusienne pour la stabilisation du Congo (Monusco), Martin Kobler, a jugé que le cessez-le-feu est « un bon premier pas » et a appelé que suive une « déclaration de fin de la rébellion ». L'émissaire des Etats-Unis pour la région de Grands Lacs, Russ Feingold, avait, lui aussi, souhaité, jeudi dernier, que les pourparlers en cours à Kampala « débouchent, dans les prochains jours, sur un accord dans lequel la rébellion du M-23 serait dissoute ». Pour sa part, un porte-parole du service diplomatique de l'UE, Sébastien Brabant, avait appelé à une « conclusion politique rapide » en vue de conduire au « démantèlement définitif de ce groupe armé ». Dans cette tragédie au cœur de l'Afrique, une victime expiatoire : la population souffrant des affres de la guerre civile et forcée à l'exil interne et externe. Le nombre de déplacés à l'intérieur de la RDC est passé de 55.000, en janvier 2012, à plus de 360.000 aujourd'hui. Selon le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), plus de 10.000 Congolais ont fui vers l'Ouganda depuis le début de la semaine.