Les rebelles du M23 ont exigé, hier, du gouvernement congolais qu'il reprenne dans un bref délai les pourparlers de sortie de crise, menaçant dans le cas contraire de reprendre d'anciennes positions qu'ils occupaient dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC). " Nous exigeons du gouvernement congolais le retour dans un bref délai à la table de négociations pour trouver une solution politique à la crise ", écrit le président politique du M23 (Mouvement du 23 Mars), Bertrand Bisimwa, dans un communiqué. " Si le gouvernement congolais poursuivait l'option militaire au détriment des pourparlers de Kampala, capitale de l'Ouganda, nos forces armées se réservent le droit de reprendre le contrôle des positions que les Etats de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) leur avaient assignées le 24 novembre ", ajoute-t-il. Fin novembre, après une offensive-éclair, le M23 s'était emparé de Goma, la capitale de la province riche en minerais et instable du Nord-Kivu. La CIRGL lui a promis l'ouverture d'un dialogue avec Kinshasa s'il se retirait à 20 km de la ville, mais la rébellion était toujours restée aux abords. Quant au dialogue de Kampala, il s'est ouvert en décembre mais est actuellement au point mort. L'armée et la Mission de l'ONU pour la stabilisation de la RDC (Monusco) ont lancé le 23 août une grosse offensive contre le M23. Vendredi, le groupe armé a annoncé un cessez-le-feu unilatéral et son retrait de Kanyarucinya, à une dizaine de kilomètres au nord de Goma. Cette décision vise à créer un climat de paix favorable pour un règlement politique de la crise, selon le communiqué. Elle aurait aussi pour but de faciliter l'enquête que le M23 demande sur la provenance des obus meurtriers qui, entre le 22 et le 28 août, ont touché la région de Goma. Le 1er août, la Monusco avait déclaré zone de sécurité cette région, forte de plus d'un million d'habitants, dont des dizaines de milliers de déplacés de guerre. La veille, le ministre de la Communication congolais, Lambert Mende, porte-parole du gouvernement, avait déclaré que le repli du M23 à lui seul n'était pas acceptable. La seule solution, avait-il ajouté, est que le M23 cesse d'exister sous sa forme militaire et que ses membres non combattants articulent clairement leurs revendications. " Nous n'allons pas inviter le M23 aux concertations nationales, qui doivent s'ouvrir mercredi 4 septembre à Kinshasa pour dix à quinze jours ", avait-il ajouté. Ces concertations nationales sont le volet politique des efforts, soutenus par la communauté internationale, pour sortir de la crise. Les autres volets, ainsi que l'on dit cette semaine M. Mende et le chef de la Monusco, Martin Kobler, sont l'action militaire contre les rebelles (qui n'apporte cependant pas de solution magique, selon M. Kobler), et l'action diplomatique dans le cadre des pourparlers de Kampala. Le M23 est actif depuis mai 2012 au Nord-Kivu. Ses hommes revendiquent la pleine application de l'accord de 2009 qui a régi leur intégration dans l'armée, après qu'ils ont accepté de quitter une autre rébellion où ils opéraient. Des experts de l'ONU ont accusé le Rwanda et l'Ouganda, voisins de la RDC, de soutenir le M23. Kigali et Kampala ont toujours démenti.