Les échanges commerciaux algéro-nippons ne dépassent pas un milliard de dollars annuellement. Pourtant, ce n'est pas les potentialités qui manquent. Pour l'ambassadeur du Japon à Alger, Tsukasa Kawada, ce chiffre aurait pu être 10 fois supérieur. S'exprimant, hier, lors d'une conférence-débat sur le thème « le Développement économique du Japon : présent et avenir », tenue à la faculté des sciences politiques à Ben Aknoun (Alger), le diplomate japonais a indiqué que cette situation s'explique par deux raisons. Primo, le fait que les entreprises japonaises ne connaissent toujours pas le marché algérien. Deuxio, les Japonais, selon lui, ont toujours dans l'esprit les années de terrorisme qui les avaient poussés à fuir l'Algérie. Mais l'ambassadeur a soutenu qu'il fera de son mieux pour relancer la dynamique de coopération entre les deux pays. Il a promis d'en faire son cheval de bataille. « Ma mission, c'est de faire connaître l'Algérie au Japon », affirme-t-il. C'est ainsi qu'il prépare la tenue d'une commission mixte algéro-japonaise. Il a confirmé que plusieurs entreprises privées de son pays ont également exprimé leur souhait de nouer des partenariats avec leurs homologues algériens dans le domaine de l'électroménager. Selon lui, le climat des affaires en Algérie ne constitue pas un facteur entravant pour la venue des sociétés japonaises dans notre pays. La règle 49/51 portant investissement étranger en Algérie n'est pas, selon lui, un frein pour les entreprises de son pays. La raison ? « Chaque pays a sa propre stratégie de développement », estime-t-il. Un rappel : dans les années 70 et 80, pas moins de 3 000 Japonais résidaient en Algérie. Plusieurs unités de production et usines, à l'image de la raffinerie d'Arzew, le complexe gazier de Hassi R'mel, sont à l'actif du pays du Soleil Levant. Cette volonté de donner un nouvel élan aux relations bilatérales s'exprime, aussi, selon M. Kawada, par l'organisation, en Algérie ou au Japon, de plusieurs manifestations culturelles ainsi que le renforcement de la concertation politique et sécuritaire entre les deux pays. Là, le diplomate nippon affirme qu'il ne doute pas des mesures sécuritaires prises par les autorités algériennes pour renforcer et sécuriser le site gazier de Tiguentourine et d'autres sites, au sein desquels les sociétés japonaises travaillent. Il a fait savoir, dans ce sens, que les deux pays ont décidé de renforcer leur coopération dans le domaine sécuritaire. Il a affirmé que l'attaque terroriste contre le site gazier de Tiguentourine (In Amenas) a été, pour les Japonais, un grand choc. Interrogé sur les compagnies énergétiques japonaises qui ont suspendu leurs activités en Algérie après cette attaque terroriste en janvier dernier, le diplomate japonais a indiqué que des discussions sont en cours pour un retour de ces compagnies. « La sécurité a été renforcée au niveau des frontières de l'Algérie. Les sociétés japonaises sont actuellement en train de discuter avec les gouvernements japonais et algérien pour étudier comment elles peuvent revenir », a expliqué l'ambassadeur. Au sujet de l'économie nippone, M. Kawada a reconnu qu'elle n'est pas au meilleur de sa forme. Pour rebondir, tous les espoirs reposent sur la toute nouvelle politique dite Abonomics. Celle-ci s'articule autour de trois axes : une politique monétaire audacieuse, une fiscalité flexible et une stratégie de la croissance visant l'investissement privé. L'ambassadeur affirme que les résultats sont déjà là. Il cite particulièrement l'augmentation de la consommation, celle des exportations et la hausse des chiffres d'affaires des sociétés. Autre prouesse du géant asiatique : le Japon a su avec brio comment concilier entre tradition et modernité, et ce, grâce à sa stratégie consistant à importer la technologie européenne tout en conservant la culture et les traditions du pays.