Il y a quelques jours seulement, le monde de l'art célébrait le centenaire de la naissance d'Albert Camus. Ce n'est pas pour cette raison que le metteur en scène Sid-Ahmed Kara s'intéresse de plus près à l'œuvre d'Albert Camus notamment « Caligula ». La générale de cette pièce est prévue en mars 2014 à Alger. « Cette pièce utilise l'histoire de l'humanité et non d'une nation en particulier. Cette pièce traite de l'histoire de l'Etat, de la dictature et des règles. C'est le propos des existentialistes. Ce thème est universel », explique Sid-Ahmed Kara. « Caligula », une tragédie atypique, écrite en 1938 et remaniée par l'auteur en 1958. Lors de sa création en 1945, la pièce connut un franc succès, qui ne s'est pas démenti depuis : aujourd'hui encore, elle est la plus jouée à travers le monde. L'œuvre théâtrale de Camus compte trois autres pièces qui ont reçu un accueil plus mitigé, de la semi-réussite du « Le Malentendu », en 1944, à l'échec cuisant de « L'Etat de siège », en 1948. En revanche, en 1949, le public réserva un accueil chaleureux à la pièce « Les Justes », une œuvre à l'esthétique épurée contrairement à « Caligula ». Cette dernière est une pièce de théâtre en 4 actes écrite par Albert Camus, entamée en 1938 (le premier manuscrit date de 1939), et publiée pour la première fois en mai 1944 aux éditions Gallimard. La pièce fera par la suite l'objet de nombreuses retouches. Elle fait partie, avec « L'Etranger » (roman, 1942) et « Le Mythe de Sisyphe » (essai, 1942), de ce que l'auteur a appelé le « cycle de l'absurde ». Certains critiques perçurent la pièce comme existentialiste, courant philosophique auquel Camus se défendit d'appartenir. Elle met en scène Caligula, empereur romain tyrannique qui agit avec démesure, en quête d'impossible. Sid-Ahmed Kara précise que l'adaptation est originale, spécifique, « parce qu'à travers l'adaptation, j'aime évoquer l'Algérien, parler de sa réalité, de son quotidien. Il est vrai que l'œuvre d'Albert Camus est très belle et riche. Seulement, dans mon cas, j'ai choisi sciemment l'œuvre « Caligula » par rapport à ma passion inconditionnée du domaine du théâtre. Donc, peu importe le thème traité, le théâtre m'habite. Ce texte est universel. Mieux encore, cette œuvre s'adapte aux sociétés actuelles ». Il poursuit : « La spécificité d'Albert Camus consiste dans cette force créatrice de passer de l'universel à la réalité algérienne. » Sid Ahmed Kara a souligné que l'œuvre de cet écrivain est inspirée de l'Algérie où il est né et a vécu une partie de sa vie. Il a commenté une œuvre marquée par un ensemble de créations d'une grande facture esthétique, tirées de la vie quotidienne en Algérie, l'aspect important de l'œuvre de l'écrivain, en l'occurrence son usage du temps, concentré sur le présent qui imprime nombre de ses ouvrages, un cachet universel et moderne de l'écriture notamment lorsqu'il décrit avec dextérité la mer, les quartiers de La Casbah, Bab El Oued, d'où cette idée de la mer, au coin de chaque rue dans ce pays.