Les participants au 7e séminaire sur la prise en charge de l'ulcère du pied diabétique ont mis l'accent sur la nécessité de prévenir le diabète et dans le cas extrême l'amputation du pied. -« L'amputation n'est pas une fatalité, la prévention étant la pierre angulaire », a indiqué le professeur Zaâmouche du CHU de Constantine. Les séminaristes ont donc appelé à une stratégie nationale d'éducation thérapeutique notamment pour le diabète de type 2 dont on peut réduire énormément la prévalence. C'est ce qui ressort des différentes communications exposées lors du séminaire organisé par les Laboratoires Lad Pharma et les Laboratoires cubains CIGB/Heber Biotec avec la collaboration de la fédération nationale des associations des diabétiques qui s'est tenu, hier, à Alger. Le diabète est un problème de santé publique et est classé par l'OMS comme étant une maladie épidémique à cause de sa progression et de sa prévalence. De 2010 à 2030, il est prévu une augmentation de 54% dans le monde, selon les pronostics de l'Organisation onusienne, et de 98% en Afrique. La prévalence en Algérie, selon la dernière étude réalisée, est de 12,8%. Aussi, 25% des consultations concernent le diabète. « Toutes les 30 secondes un diabétique est amputé et 10% des malades subissent une amputation et la plupart des amputations débutent par un ulcère au pied », a indiqué le professeur Joucdar, chef du service chirurgie plastique et des brûlés de l'EPH Douéra. Selon lui, l'amputation coûte 3.000 euros en prise en charge totale (traitement, appareillage...). Le praticien regrette toutefois « le vagabondage médical qui fait l'échec de la prise en charge », dira-t-il précisant que « certains malades se déplacent d'un hôpital à l'autre minimisant ainsi leur chance de guérison ». A ce sujet, il dira que sur les 60 patients traités dans son service depuis janvier 2010, il y a eu 3 abandons (des malades ont renoncé au traitement). Quant aux résultats des traitements, « 25 sont excellents, 17 moyens et 15 mauvais », a-t-il précisé. De graves complications La tranche d'âge la plus exposée à la maladie se situe entre 45 et 60 ans en Algérie alors qu'elle est de 60 ans dans le monde. Les malades atteints de diabète de type 2 sont de plus en plus exposés à des complications multiples avec un coût humain qui est l'amputation du pied sans compter les conséquences considérables pour la société. Les changements du mode de vie des Algériens, l'obésité, une mauvaise hygiène de vie, l'hypertension, la sédentariation, sont entre autres causes à l'origine de la maladie. Les complications podologiques sont les plus graves et les plus coûteuses du diabète. Près de 15% des patients développeront un ulcère aux pieds à un certain stade de leur vie. Le Dr Aouiche du CHU Mustapha-Pacha a insisté sur l'intérêt d'une bonne hygiène de vie par le port de chaussures appropriées (en cuir souple, larges), de chaussettes en coton et larges, et par une bonne chirurgie de salle de bain (en séchant bien les pieds et entre les orteils) tout en appelant à la formation de podologues car il y a un manque flagrant. Le Pr Sekkal a, quant à elle, insisté sur l'intérêt de « l'organisation de la prise en charge qui peut réduire de 75% la gravité du pied diabétique », précisant qu'il s'agit d'« un travail multidisciplinaire ». Pour sa part, le président de la fédération des associations des diabétiques, N. Boucetta, a indiqué que sur les 3 millions de diabétiques, 25% sont des enfants et 10 à 15% ne sont pas assurés et n'ouvrent pas droit à la gratuité des médicaments.