Photo : Slimen S.A. 30% des 3 millions de diabétiques que compte notre pays souffrent de lésions au pied et 5 à 10% d'entre eux subissent une amputation. La moitié de ces derniers subit l'amputation de la deuxième jambe dans les 5 années suivantes avec un taux de mortalité s'élevant entre 50 et 60%. Ces chiffres ont été avancés, hier, par le Pr Samir Joucdar, chef du service chirurgie plastique à l'Etablissement hospitalier spécialisé (EHS) de Douéra, lors d'un séminaire sur l'ulcère du pied diabétique. Pour ce professeur, la chirurgie du pied diabétique est un drame. Car elle est la conséquence de l'échec de la prise en charge médicale. «Cela n'est pas la faute du médecin du fait que pour de plus en plus de malades qui viennent pour traiter leur diabète, le pied est souvent inaugural», affirme le Pr Joucdar. Et pourtant, le coût du traitement du pied diabétique revient à 2000 euros et une amputation est estimée à 30.000 euros. Pour éviter de telles complications, le conférencier conseille d'acheter la bonne chaussure et surtout ne jamais négliger les pieds. En Algérie, le pied diabétique est pris en charge dans les services de diabétologie et représente 25% des motifs d'hospitalisation. Cependant, souligne le Pr Samir Joucdar, les unités de prise en charge du pied diabétique sont en deçà de la demande, en capacités d'hospitalisation et en équipes pluridisciplinaires. De ce fait, cela augmente le risque d'amputation chez les malades diabétiques. Justement, le Dr Djebbar, directeur du laboratoire Lad Pharma, a fait savoir que l'objectif de ce séminaire est d'éviter l'amputation. Pour cela, il a présenté le médicament Heberprot-P qu'a développé un laboratoire cubain. Son principal effet : il diminue le temps de cicatrisation. Selon Mme Ibis Portuondo Martinez, représentante du laboratoire cubain du produit Heberprot-P, ce médicament permet la stimulation de la réponse de l'organisme pour produire le facteur de croissance épidermique avec l'obtention d'un tissu de granulation et une cicatrisation rapide. Malheureusement, ce produit n'est disponible que dans 4 unités (3 à Alger et 1 à Oran) mais l'objectif de Lad Pharma est de le généraliser à toutes les unités qui prennent en charge le pied diabétique. D'ailleurs, selon Mohamed Mokri, président de l'association des diabétiques de la wilaya de Boumerdès qui compte plus de 7000 malades, 8 à 10% de ces malades arrivent à l'amputation. «Les CHU doivent généraliser la prise en charge du pied diabétique pour éviter les drames de l'amputation», dit-il. Pour Mme Sekkal, chef de service diabétologie du CHU Lamine-Debaghine (Bab El Oued) «15 à 20 % des malades diabétiques hospitalisés développent une lésion du pied et 4 à 12% des diabétiques sont amputés». Elle indique, en outre, que 40% d'entre eux séjournent longtemps, car ils développent une gangrène et la plupart de ces complications passent inaperçues car se sont des anomalies précoces et silencieuses. Ainsi, le pied diabétique pose problème à d'autres disciplines. Pour le Pr Sekkal, la prévention tient la place d'honneur dans la prise en charge et quel que soit le stade de l'atteinte du pied, il faut minimiser le risque, intensifier les consultations et faire une prise en charge avec les moyens existants.