Introduire une nouvelle approche dans la gestion de l'eau en Afrique du Nord, c'est l'un des objectifs que s'assigne un atelier sous-régional ayant pour thème « l'approche multidisciplinaire pour une gestion intégrée et durable des bassins versants », qui se tient depuis hier dans la wilaya de Tipasa. Ce workshop, organisé par le ministère de l'Agriculture et du Développement rural, en collaboration avec le Bureau sous-régional de la FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture) pour l'Afrique du Nord, a regroupé des experts algériens, tunisiens, mauritaniens et marocains. Le directeur général des forêts, Mohamed Sghir Noual, a donné un aperçu général et chiffré des zones hydrographiques de l'Algérie ainsi que les réalisations accomplies par les pouvoirs publics dans l'exploitation de la ressource hydrique. A ce propos, il a indiqué que notre pays recèle 80 bassins versants, totalisant une superficie de 12 millions d'hectares et où vit une population de 7 millions d'habitants. Le réseau des barrages en exploitation en Algérie s'élève à 71 ouvrages hydrauliques, tandis que 25 sont en voie de réalisation et une quarantaine d'autres en étude. Afin de préserver cette ressource, le DG des forêts a signalé qu'un important programme de lutte contre l'érosion, notamment dans les bassins versants, est mis en place. Nabil Assaf, représentant de la FAO en Algérie, a, quant à lui, estimé que la gestion de l'eau ne doit plus être envisagée sur le plan purement technique, même si celle-ci a plus ou moins porté ses fruits. « Depuis 2006, les recommandations de la FAO s'orientent plus vers une approche prônant la multidisciplinarité dans la gestion durable des ressources en eau. Il faut parvenir à maximaliser la ressource tout en la préservant. Cet objectif ne peut être atteint sans l'association de tous les acteurs intervenant dans ce secteur stratégique », recommande-t-il. En clair, la gestion de l'eau ne doit pas obéir à une vision purement techniciste, mais prendre en considération une somme de paramètres et de facteurs dans sa gestion, notamment l'action de l'homme, particulièrement dans les bassins versants, la nature et la vulnérabilité des terres, les ressources animales y vivant ainsi que le type d'agriculture qui y développé. A ceci s'ajoutent la consistance du couvert végétal et le facteur de l'érosion des sols. Selon une responsable de la direction générale des forêts, actuellement, 1% des eaux stockées dans les barrages est touché par l'envasement, soit l'équivalent de 9 millions de mètres cubes. Afin de lutter contre ce phénomène, causé généralement par les techniques culturales utilisées par des exploitants agricoles privés dans les bassins versants, et l'action de l'érosion, les services des forêts se sont engagés, en collaboration avec d'autres partenaires, à mener des actions ciblées et de sensibilisation afin d'en diminuer l'impact. Les participants ambitionnent, à travers leurs travaux, de mettre en lumière leurs expériences respectives dans le cadre de la préservation des bassins versants et fédérer leurs efforts afin de renforcer la coopération pour mieux riposter contre les méfaits du changement climatique.