« Cette rencontre sur le sida, la quatrième du genre après celles sur le cancer du sein, le diabète et la médecine légale, est une réponse aux questionnements de nos travailleurs qui sur le terrain font face à des situations pouvant leur porter préjudice », a déclaré, hier, le chef du service de la santé de la sûreté de la wilaya d'Alger, Abdelhakim Dib. Il s'agit, selon le président de Solidarité Aids, Ahcène Boufnissa, de « l'exposition au risque de contamination dans l'exercice de leur fonction, notamment quand ils procèdent à l'arrestation ou portent secours à des personnes blessées alors qu'ils ne portent pas de gants ». S'adressant aux présents, le président de Solidarité Aids a rappelé la nécessité de se prémunir contre cette maladie, alors qu'on dénombre 1.443 sidéens et 6.603 séropositifs depuis 1985. « Ce chiffre ne reflète pas la réalité, d'autant plus que les couples et les jeunes hésitent encore à se faire dépister et que près de 22.000 cas ne sont pas identifiés », dira M. Boufnissa. Il a également plaidé pour un dépistage « obligatoire avant le mariage et avant tout projet de conception d'un enfant afin de prendre des mesures préventives, sachant que l'objectif de la stratégie nationale 2011-2015 est zéro nouvelle contamination, zéro décès et zéro discrimination ». M. Boufnissa ne manquera pas d'attirer l'attention des responsables sur la « rupture du stock des préservatifs distribués gratuitement » et également sur l'urgence de « réactiver le Comité national du sida gelé depuis 2005 ». « Ceci permettra aux associations de travailler dans un cadre organisé et en réseau », dira-t-il. Saisissant cette opportunité, le président de l'association Solidarité AIDS a demandé aux policiers à être plus humains avec les malades suivant une trithérapie. « Nous avons reçu à l'hôpital d'El Kettar des malades accompagnés de policiers. Ces derniers sont venus s'assurer que les médicaments en leur possession sont bien le traitement contre le sida. Les comprimés de la trithérapie sont d'apparence semblables aux psychotropes. Nous demandons à ces malades d'avoir sur eux leur carte pour éviter tout amalgame », dira-t-il, tout en rendant hommage à ce corps constitué dans sa lutte contre la drogue. En dépit de l'obligation depuis 2012 de dépistage pour les nouveaux couples et la recommandation du ministère de la Santé de faire dépister quelque 35.000 femmes enceintes par an, des cas de transmission mère-enfant sont enregistrés. 23 cas d'enfants contaminés par la mère en 2013 Souvent, la sage-femme omet de faire dépister sa patiente et dont la séropositivité se confirme après l'accouchement. « Depuis 1985, le nombre d'enfants âgés de 0 à 4 ans contaminés par le VIH est de 207. Depuis 1998, près de 200 enfants sont traités à notre niveau », nous dira le Dr Fatma-Zohra Zmit, chargée de la mère et de l'enfant à l'hôpital Laâdi-Flici (ex-El Kettar). De son côté, le Pr Rosa Belkaïd, épidémiologiste au CHU de Beni Messous, dira : « Il faut que l'Algérie pense dès maintenant à assurer une disponibilité des préservatifs, seul moyen de protection contre le VIH après l'abstinence et la fidélité. C'est également un moyen de contraception et de protection contre les autres MST. » Pour le Pr Belkaïd, « le seul risque provient des instruments non stérilisés chez le dentiste alors que la loi exige d'avoir un autoclave. Pour les instruments non-autoclavables, il existe des produits avec des normes internationales de lutte contre les bactéries, les microbes et les virus ». Lors de cette rencontre, une vidéo a été diffusée à l'assistance pour l'interpeller sur la dangerosité de la maladie.