Objet d'un enjeu géopolitique d'envergure, disputé par la Russie et l'Union européenne, l'Ukraine est, traverse une crise politique cruciale, selon plusieurs observateurs, pour son avenir. L'opposition, soutenue par l'UE et les Etats-Unis, jure de faire plier le président pro-russe, Viktor Ianoukovitch, en s'opposant au « partenariat stratégique » qu'il s'apprêterait à signer avec son allié russe. La tension est montée d'un cran après sa rencontre, à Moscou, avec son homologue russe, Vladimir Poutine. L'information sur la prétendue adhésion de l'Ukraine à l'Union douanière en échange d'un important rabais du prix du gaz russe et de crédits de plusieurs milliards de dollars, a jeté un froid dans les rangs de l'opposition qui y voit et dénonce la main du Kremlin. Elle ne reproche pas moins au chef d'Etat ukrainien son intention de « vendre l'Ukraine » à la Russie. Environ 200.000 de ses partisans et sympathisants se sont rassemblés, hier, à Kiev au début d'une manifestation sur la place de l'Indépendance, dans une nouvelle démonstration de force contre le gouvernement qui a refusé de signer un accord d'association avec l'UE en préparation depuis trois ans. « Le projet d'un accord sur le partenariat stratégique est prêt, il a été paraphé, mais Ianoukovitch n'a pas osé le signer », dénonce l'un de ses dirigeants prévoyant l'adhésion de l'Ukraine à l'Union douanière d'ex-républiques soviétiques le 17 décembre. Figure de proue de l'opposition, l'ex-Premier ministre et candidate malheureuse contre Ianoukovitch à la présidentielle de 2010, l'opposante emprisonnée, Ioulia Timochenko, a réclamé le départ « immédiat » du président Viktor Ianoukovitch, dans un message lu par sa fille Evguenia devant des centaines de milliers de manifestants rassemblés sur la place de l'Indépendance à Kiev. « Nous avons aujourd'hui le choix entre sombrer dans une dictature corrompue et le retour à la maison, en Europe. Les chances de nous retrouver dans une dictature médiévale sont beaucoup plus grandes », a-t-elle mis en garde en ajoutant que le président Ianoukovitch « ne signera jamais l'accord d'association avec l'Europe ».