En janvier 2009, Ioulia Timochenko, étant Premier ministre, avait utilisé son autorité et ses prérogatives légales à des fins criminelles, commettant des actes qui outrepassaient clairement ses droits et son autorité, a affirmé le magistrat. Le juge a commencé à lire son jugement, résumant d'abord les faits reprochés à la chef de l'opposition au président Viktor Ianoukovitch, qui est passible de sept ans de prison pour abus de pouvoir dans le cadre de la signature de contrats gaziers avec la Russie en 2009. Le magistrat a souligné que ces accords avaient coûté cher à l'entreprise des hydrocarbures de l'Etat ukrainien Naftogaz. Ces accords ont eu des conséquences lourdes pour Naftogaz, (des pertes) d'un montant de 1,5 milliard de hryvnia soit quelque 190 millions de dollars, a-t-il déclaré. La défense a plaidé la relaxe, dénonçant un procès politique et l'absence de tout délit. En détention provisoire depuis le 5 août, l'opposante est jugée depuis juin. Elle est accusée d'avoir signé sans l'autorisation du gouvernement qu'elle dirigeait, des accords gaziers avec la Russie considérés comme défavorables à son pays. Ces contrats avaient mis fin à un conflit entre Kiev et Moscou, qui avait gravement perturbé les approvisionnements en gaz russe de l'Union européenne. L'UE menace Kiev d'importantes conséquences L'Union européenne a menacé, hier, l'Ukraine d'importantes conséquences si l'ex-Premier ministre Ioulia Timochenko ne bénéficiait pas d'une procédure d'appel équitable, après sa condamnation, notamment en ce qui concerne la conclusion d'un accord bilatéral avec Kiev. L'UE est profondément déçue après la condamnation de l'égérie de la révolution orange à sept ans de prison et 200 millions de dollars de dommages, après un procès qui n'a pas respecté les normes internationales en matière de procédures équitables, transparentes et indépendantes, a souligné la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton. L'UE appelle les autorités ukrainiennes compétentes à assurer un procès équitable, transparent et impartial dans toute procédure d'appel dans le cas de Mme Timochenko et dans les autres procédures relatives à des membres de l'ancien gouvernement, a-t-elle précisé. Le droit d'appel de Mme Timochenko ne devrait pas être compromis en imposant aux accusés des restrictions concernant leur capacité à se présenter à de futures élections, y compris les élections parlementaires prévues pour l'année prochaine, souligne encore Mme Ashton dans sa déclaration. La façon dont les autorités ukrainiennes vont respecter d'une manière générale les valeurs universelles et l'état de droit, et spécifiquement la façon dont elles vont gérer ces cas risque d'avoir d'importantes conséquences pour les relations bilatérales UE-Ukraine, y compris la conclusion de l'accord d'association, notre dialogue politique et notre coopération de manière plus large, indique la déclaration de l'UE. Les négociations en vue d'un accord d'association UE-Ukraine, comprenant un important volet commercial, sont entrées dans leur phase finale et pourraient déboucher théoriquement sur une signature en décembre. Les ministres européens des Affaires étrangères s'étaient entendus, avant-hier, à Luxembourg sur les grandes lignes de leur réaction dans le cas d'une condamnation de Mme Timochenko. Ils avaient également décidé de poursuivre quoi qu'il arrive les négociations d'un point de vue technique, indépendamment de la question, plus politique, de les conclure officiellement en y apposant une signature. La condamnation de Mme Timochenko confirme malheureusement que la justice est appliquée de manière sélective, dans des procédures politiquement motivées à l'encontre des leaders de l'opposition et des membres de l'ancien gouvernement, a encore déploré Mme Ashton. Paris et Berlin ont défendu une ligne assez dure, mettant en question la perspective européenne de l'Ukraine, alors que certains pays d'Europe de l'Est ou le Royaume Uni ont défendu une ligne plus souple vis-à-vis de Kiev. Kiev comprend l'inquiétude de l'UE Le président ukrainien, Viktor Ianoukovitch, a déclaré, hier, comprendre les inquiétudes de l'UE après la condamnation de l'opposante Ioulia Timochenko à sept ans de prison, relevant cependant que ce jugement n'était pas définitif, un appel étant toujours possible. C'est sans aucun doute un cas regrettable qui empêche l'intégration européenne de l'Ukraine. Il suscite les inquiétudes de l'UE et nous comprenons pourquoi, a-t-il dit lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue slovène, Danilo Turk. Mais cette décision n'est pas définitive, car l'affaire Timochenko doit encore passer devant la Cour d'appel, a poursuivi M. Ianoukovitch. Un avocat de Mme Timochenko, Iouri Soukhov, a indiqué qu'il ferait appel au plus vite. La décision que prendra cette Cour et la législation sur laquelle elle s'appuiera seront très importantes, a déclaré M. Ianoukovitch, laissant entendre qu'une réforme de la législation pourrait intervenir afin d'atténuer le jugement. Selon certains analystes ukrainiens, le régime ukrainien pourrait dépénaliser l'article sur la base duquel Mme Timochenko a été condamnée, ce qui permettrait de la remettre en liberté et de ménager l'UE, tout en écartant l'opposante un temps du jeu politique.