Le tramway d'Alger ne respecte plus les horaires. Il faut 50 minutes pour aller de la station les Fusillés, à Ruisseau, au terminus, la station Mimouni-Hamoud, dans la localité de Bordj El Kiffan. Les usagers de ce moyen de locomotion se plaignent de cette état de fait. Le tram parcourt les 16,2 km du trajet en 70 minutes. Il satisfait de moins en moins les passagers de cette ligne. Les retards sont dus aux interminables attentes car il ne démarre que quand les wagons sont pleins. A la station multimodale de Ruisseau, l'on se bouscule, surtout durant les heures de pointe, pour réserver une place (assise) à l'intérieur. Certains voyageurs ne prennent même plus la peine de composter leur ticket. « Les appareils de compostage de billets sont souvent en panne », nous dit un homme, pressé. Parfois, pour valider son ticket, il faut passer par un employé de la Satram qui va le composter au moyen d'un stylo ou d'un dateur. Un contrôleur affiche son désarroi : « Au lieu de contrôler les personnes malintentionnées, on se retrouve aujourd'hui à faire un travail qui n'est pas le nôtre. » Il précisera que la plupart des machines de compostage sont à l'arrêt en raison de l'introduction, par les usagers, de toutes sortes d'objets, comme du papier ou du chewing-gum. Pour démarrer, il n'existe aucun horaire ! Le conducteur attend « le feu vert » du chef. Ce dernier attend que tous les wagons soient remplis. « 15 minutes d'attente pour démarrer, sincèrement, c'est trop », commente un transporteur. Attente exaspérante Certains passagers, à l'aide d'une pièce de monnaie, n'hésitent pas à taper sur les vitres, histoire de faire pression. La machine ne s'ébranle et ne quitte la station qu'une fois qu'un autre tram arrive sur les lieux pour transporter d'autres usagers. « Le tramway est un mode de transport citadin et son itinéraire ne doit en aucun cas aller au-delà de six stations. Or, à Alger, nous en avons 28. Il faut compter un peu plus de deux minutes pour chaque station », tempête un passager. Dans les différentes stations, les enfants s'adonnent à des « jeux », notamment à Hussein-Dey et El Harrach. Ils éprouvent du plaisir à appuyer sur les boutons des portières pour empêcher la machine d'avancer. « Tout cela nous empêche de respecter les horaires », fait remarquer un employé de la Société d'exploitation des tramways d'Algérie (Satram), rencontré à la station la Glacière (El Harrach). Un peu plus loin à la station de la Foire d'Alger, les passagers ont embarqué sans valider leurs billets. Ils prétextent le dysfonctionnement de la machine de compostage. Des dizaines de personnes montent ainsi sans débourser un sou. Que se passera-t-il en cas de vérification ? « Ce n'est pas de notre faute », dira un jeune. Plusieurs ont dans la poche des tickets de tram non compostés « en cas de nécessité » et font l'objet de plusieurs utilisations par les usagers avant d'être validés. Sur ce sujet précis, un agent de la société affirme que « 60% des usagers se déplacent gracieusement ». Avec l'astuce des « tickets non validés », beaucoup de personnes prennent le tram. Résultat : les rames sont surchargées par moments, à telle enseigne que le conducteur se voit contraint d'inviter les usagers à attendre... le prochain tram.