Il est exigé le gel de l'instruction du ministère faisant état de l'attribution de nouvelles lignes de transport à de nouveaux conducteurs. Ruiné par l'anarchie, le secteur du transport s'achemine vers un avenir incertain pour ses professionnels. Tel est le constat des représentants de ce secteur. Réunis hier au siège de l'Union nationale algérienne des transporteurs (Unat) à la gare routière (Alger), les représentants de l'Unat, de l'Organisation nationale des transporteurs en Algérie (Onta) et la Fédération des transports, affiliée à l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa), ont décidé de créer la Confédération nationale des syndicats des transporteurs. Cette nouvelle entitée a vu le jour après qu'il fut débattu de l'ensemble des problèmes et préoccupations de la corporation. L'ouverture de nouvelles lignes au profit de nouveaux conducteurs constitue le premier souci de cette catégorie de professionnels. «La décision unilatérale du ministère de tutelle prise sans consultation des acteurs influents a créé une anarchie indescriptible dans le secteur et une absence de vision par rapport à l'avenir de la profession», lit-on dans un communiqué de presse dont L'Expression détient une copie. Faisant allusion à l'opérateur privé Tahkout qui détient 2300 bus, la Confédération nationale des syndicats des transporteurs rejette tout monopole dans le secteur du transport. Plus explicite, le président de l'Unat, Mohamed Aïder a déclaré que «Tahkout est un citoyen qui a les mêmes droits que les autres transporteurs, mais sans avoir à bénéficier de privilèges aux dépens de ses confrères. Il voulait recruter 500 chauffeurs et 500 receveurs pour exploiter de nouvelles lignes de transport. Cette mesure va massacrer le secteur.» Intervenant à la même occasion, le président de la Fédération des transports affiliée à l'Ugcaa, Abdelkader Boucherit a rappelé que «la Confédération des syndicats de transport insiste sur le gel de l'instruction du ministère de tutelle, faisant état de l'attribution de nouvelles lignes de transport à de nouveaux conducteurs». Et de poursuivre: «En plus des projets structurants et la création des entreprises publiques de transport urbain menaçant ainsi l'avenir de milliers de transporteurs, on assiste à l'introduction de nouveaux opérateurs dans des lignes saturées de l'avis même des directeurs des transports. Ceci accentue la concurrence et génère une régression de la rentabilité de l'activité.» L'autre souci majeur de ces syndicalistes est l'absence d'un plan national de transport qui engendre une anarchie dans la distribution des lignes, explique M.Boucherit. Et d'enchaîner: «Ces plans prévus par décret n'ont jamais connu de concrétisation. C'est ce qui ouvre la voie à toutes sortes de dérives et de dépassements de la part des autorités de tutelle.» A ses yeux, ce qui a aggravé la problématique «c'est la non-activation du Conseil national des transports terrestres censé être l'autorité suprême qui garantit la bonne gestion des affaires du secteur». Selon la Confédération des syndicats des transporteurs, «la non-application de la réglementation régissant le secteur et la persistance de tels abus de l'administration laissent douter de la volonté du ministère de tutelle de servir les intérêts du secteur et de l'élever aux normes et standards internationaux». Ainsi, la coordination intersyndicale tire la sonnette d'alarme pour attirer l'attention sur «la situation catastrophique à laquelle a abouti un secteur censé être la colonne vertébrale du développement socioéconomique».