Le président Salva Kiir et son rival, l'ancien vice-président Riek Machar, n'ont d'autre alternative que de retourner à la table des négociations pour régler leurs différends et conjurer le péril de la guerre civile. Outre les promesses solennelles des protagonistes, prêts au dialogue, l'engagement de la communauté internationale a pesé dans le choix de la solution négociée. Si le ministre éthiopien des Affaires étrangères, Tedros Adhanom, menant une médiation africaine de cinq Etats (Djibouti, Ethiopie, Kenya, Ouganda et Soudan), a souligné le caractère productif des discussions, la pression internationale a atteint son paroxysme dans la déclaration du Conseil de sécurité, non contraignante néanmoins unanime, appelant Kiir et Machar à « assumer leurs responsabilités ». Tout en dépêchant sur place son envoyé spécial dans la région, l'ambassadeur Donald Booth, Washington a tracé la feuille de route pour sortir de la crise sud-soudanaise qui menace de s'étendre sur tout le territoire. La guerre ethnique sud-soudanaise, qui oppose les Nuer de Machar et les Dinka de Salva Kiir, présente une lourde facture : près de 500 morts dans la capitale Juba. Elle s'est propagée à l'Etat instable du Jonglei (est) et de l'Unité (nord) où se trouvent les ressources pétrolières. L'Onu, présente en force à Juba (35.000 personnes hébergées) et à Pibor (1.500) et Bor (14.000) tombée aux mains des rebelles, a recensé 14 zones de tension. Elle n'est pas tout aussi bien épargnée par les attaques lancées contre la base de la Minuss (Mission de l'ONU au Soudan du Sud) à Akobo (Etat de Jonglei) où « au moins 11 civils » de l'ethnie Dinka et deux Casques bleus indiens ont été tués. « Il est temps pour les dirigeants du Soudan du Sud de maîtriser les groupes armés sous leur contrôle, de cesser immédiatement les attaques contre les civils et de mettre un terme à l'engrenage de la violence entre différents groupes ethniques et politiques », a indiqué le secrétaire d'Etat américain, John Kerry. Le rappel à l'ordre de Washington, réitéré par la conseillère de sécurité nationale américaine, Susan Rice, se traduit par la menace de suspension de leur soutien, en cas de persistance de la violence de nature, a averti le président Obama, à « faire plonger à nouveau le Soudan dans ses jours les plus noirs du passé ». Le spectre du conflit ethnique, « extrêmement élevé », selon la Haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Navi Pillay, plane sur Juba recevant les premiers renforts de l'Ouganda et touche aux fondements du nouvel équilibre régional affectant la stabilité de son voisin soudanais. Naturellement, la médiation africaine, placée sous l'autorité de l'IGAD, est toute indiquée pour réussir l'épreuve de la paix dans le jeune Etat « au bord du précipice », selon Obama. Le principal défi : la réconciliation politique tributaire, pour bon nombre d'observateurs, de la fin des clivages ethniques.