Dans une déclaration faite à l'APS dernièrement, le directeur des transports de la wilaya de Constantine, M. Khelifi, a évoqué l'arrêt du téléphérique qui dure depuis des mois, en expliquant que ce moyen de transport « a été "techniquement et mécaniquement réparé" et devra reprendre du service juste après la délivrance, jeudi (19 décembre), du résultat de l'expertise technique effectuée sur un pylône situé à proximité du Centre hospitalo-universitaire ». M. Khelifi a en outre expliqué que le Laboratoire des travaux publics (LTP) Est, en charge de l'expertise effectuée sur un des pylônes, n'a rien révélé de grave, et que cette mesure est « destinée à mettre fin aux "rumeurs" colportés çà et là faisant état de l'existence de fissures sur ce mât ». Pourtant, la Direction des transports ainsi que l'Entreprise des transports de Constantine (l'ETC) chargée de son exploitation, avancent depuis des mois les mêmes arguments, et prétendent aussi que les opérations de révision ou de maintenance sont courantes et banales. Doit-on rappeler que le téléphérique est officiellement à l'arrêt depuis avril de cette année, et que plusieurs entreprises et des bureaux d'études se sont relayés pour dénouer le problème. Nous avons voulu en savoir plus en demandant l'avis de professeurs du département de génie de transport qui ont une toute autre réponse : « En cinq années de service, le téléphérique de Constantine détient un record mondial, celui des nombres de passagers avec 12 millions de personnes. Ce téléphérique est, contrairement à celui des autres villes européennes ou américaines, un moyen de transport et non une attraction touristique. Ceux qui ont réalisé les études ne se sont pas rendus compte de ce flux important qui a suivi son exploitation, ils ont rapidement conçu le téléphérique avec des cabines d'une capacité de 15 personnes alors que celui de New York, par exemple, est équipé de cabines de 200 personnes, avec un nombre de passagers inférieur à celui de Constantine. Donc, le mieux serait tout simplement de revoir toute sa conception, les pylônes et les cabines. Quant au problème rencontré ces derniers mois, il ne s'agit pas d'une maintenance ordinaire, mais d'un problème de génie civil. Un des pylônes, celui installé près de la station Tatache, a été posé non pas au milieu de la roche mais à son extrémité et avec le temps et la pression, il s'est incliné de quelques centimètres. C'est d'ailleurs visible. Je pense que la solution serait de refaire le pylône en question, sinon il y aura toujours un risque ». En attendant, il y a peu de chances de voir le téléphérique mis en marche en cette fin 2013 en dépit des assurances des responsables qui avaient annoncé plus d'une fois qu'il s'agit d'une simple opération de maintenance périodique et que sa mise en service n'est qu'une question de jours. Ces mêmes responsables s'étonnent qu'aujourd'hui les journalistes et l'opinion publique s'alarment et parlent du sujet, alors même que pour des milliers de citoyens habitant les quartiers nord de la ville, ce moyen de transport est devenu plus qu'indispensable.