C'est durant la première quinzaine du mois de décembre passé que la nouvelle stratégie robotique de Google a occupé les devants de la l‘actualité. Et pour cause, le succès obtenu par ses réalisations dans une compétition, organisée, à la mi-décembre, par la DARPA ; un petit détour par wikipédia, pour expliquer que « La Defense Advanced Research Projects Agency (DARPA, « Agence pour les projets de recherche avancée de défense ») est une agence du département de la Défense des Etats-Unis chargée de la recherche et développement des nouvelles technologies destinées à un usage militaire ». A ce concours, donc, nous apprend, le site 01net.com, « La toute nouvelle division robotique de Google a dominé les demi-finales de la compétition de robots », en présentant une cascade de petites innovations produites par une mosaïque de sociétés, toutes récemment achetées par Google, et dont les compétences, sont, selon le même site, « conduire un véhicule, marcher sur un terrain accidenté, transporter des débris, ouvrir des portes ou encore actionner des tuyaux d'incendie ». A partir de là, remontent à la surface quelques petits faits d'actualité qui ont émaillé l'activité de Google dans un passé pas très lointain, pour, en premier, faire rappel, de la suite de sociétés acquises par Google, dans les domaines de la robotique. Ce sont près de huit sociétés dont l'activité est directement liée à un domaine précis de la robotique que le géant de la recherche sur internet a achetées ces derniers mois. Le site français www.techniques-ingenieur.fr qui s'est intéressé à ce sujet en donne quelques détails de ces acquisitions, comme « Schaft, spécialiste des robots humanoïdes, Industrial Perception, société qui développe des bras de robots appliqués au chargement/déchargement de camions, Meka, fabricant de robots humanoïdes, Redwood Robotics qui développe des bras de robot, Bot & Dolly qui fabrique des caméras robotiques, Holomni spécialiste des roues high-tech. » Incontestablement, le fabricant acquis qui a le plus suscité les commentaires des experts et analystes c'est la Boston Dynamics, sous contrat avec le département de la défense des Etats Unis, avec comme mission, relève le site français, de « fabriquer des robots-animaux capables d'évoluer sur des terrains inaccessibles à l'homme. » Lancée en 1992, cette jeune société fonctionne essentiellement à base de financements de l'armée américaine. La presse spécialisée n'a pas manqué de souligner les réalisations de Boston Dynamics, telles « BigDog, un robot-chien capable de se déplacer sur un sol difficile pour des véhicules motorisés, d'embarquer une centaine de kg de matériel et même de marcher sur la glace ». Des titres et sites spécialisés ont également évoqué le robot-guépard, Sheetah, qui peut en théorie courir à 46 km/h. Mais ce qui a le plus focalisé l'intérêt, c'est certainement cet humanoïde Atlas sur lequel serait fondé l'espoir de pouvoir, dans un avenir proche, être substitué « aux soldats ou à des travailleurs censés intervenir dans des environnements toxiques, radioactifs... » Les observateurs auront noté à cette occasion que si les autres acquisitions de Google, en ce domaine, étaient toutes des start-ups, Boston Dynamics est, comme la présente 01net.com « une belle entreprise, reconnue mondialement, qui fait figure de poids lourd depuis une vingtaine d'années maintenant. » Autre fait susceptible d'être interrogé, les petites pousses achetées, poursuit le journaliste de ce site, « relèvent du domaine civil, comme Bot and Dolly, spécialisée dans les caméras avec bras articulés contrôlés à distance. A l'inverse, Boston Dynamics travaille principalement sur des projets militaires à long terme, financés par le département de la défense américaine. » Ceci étant, à l'occasion de cet événement, Google en a dit un peu plus sur cette nouvelle stratégie pour laquelle d'ailleurs le moteur de recherche a jeté son dévolu sur Andy Rubin, le petit génie par lequel le système d'exploitation pour mobile Android a vu le jour. Le site de l'hebdomadaire français obsession.nouvelobs.com évoque à son sujet, une première « carrière dans la robotique avant de rejoindre Apple Computer et l'entreprise allemande Carl Zeiss comme ingénieur spécialisé dans les robots. » D'après ce site, c'est une passion pour Andy Rubin que « la conception de machines intelligentes », avouant, lui-même au quotidien New York Times : « J'ai l'habitude de faire de mes passe-temps une carrière ». Il aurait ainsi passé une décennie à réfléchir aux opportunités d'investir dans le domaine des technologies de la robotique qui, de son avis « sont mûres au point que de nouveaux systèmes automatisés pourraient bientôt se vendre en grande quantité. » Une conviction qui le conduit à se démettre de la fonction de responsable de la division smartphone de chez Google pour partager sa passion avec les patrons du moteur de recherche qui, convaincus, ont ainsi fini par le suivre et lui donner les moyens de sa politique. Pour autant, s'agit-il juste de satisfaire une passion ? La nouvelle option pour la robotique de Google cadre-t-elle avec une quelconque stratégie ? Des questions pour lesquelles des experts et observateurs tentent de répondre et de trouver explication à un choix pour le moment difficilement analysable en l'état actuel des données sur le marché de la robotique. Pour les uns, il s'agit tout simplement d'une stratégie complémentaire à son activité de base.Yvan Measson, expert travaillant dans un laboratoire de robotique, s'explique ainsi sur le site 01net.com : « Google verticalise son offre robotique en partant de ce qu'ils savent déjà faire : la gestion du big data. Restait à acquérir des compétences technologiques en mécanique, perception, intelligence artificielle ou informatique pour maîtriser des systèmes intégrés complexes. C'est chose faite avec les récents rachats ». Même si pour certains, « Google donne l'impression de faire un virage à 180 degrés », sa démarche pour surprenante qu'elle peut paraître, peut avoir une explication, pour un autre expert : « Les robots, comme les smartphones, sont des plates-formes de produits et de services...Les deux nécessitent des données et des renseignements afin de bien fonctionner. Et Google gère très bien les données et les algorithmes » opine, sur les colonnes de l'hebdomadaire français le Nouvel Observateur, Anthony Mullen, analyste senior auprès du cabinet d'études Forrester, d'avis que « Les travaux de Google sur l'intelligence artificielle visuelle, audio et de la reconnaissance de texte peuvent être une aide précieuse pour créer des robots intelligents et flexibles ». Certains voient, dans l'initiative de Google, une première confrontation avec les drones du leader des sites de vente Amazon. En somme, le géant des moteurs de recherche travaillerait pour ses plateformes de logistique. Cette option est soutenue par le quotidien new yorkais NYT, selon lequel « la rumeur court que le géant américain travaille au développement de robots manutentionnaires, capables de gérer toute la logistique de ses usines, livraisons comprises. » S'ajoute à cela la confirmation du responsable du département robotique de Google qui a indiqué que « la stratégie de la division robotique de Google est de viser les fabricants et les chaînes logistiques, comme la livraison de colis. » Ce qui a poussé certains, à l'instar du blog http://obsession.nouvelobs.com à parler d'un « choix qui viendrait par exemple concurrencer directement Amazon et son projet de livraison par des drones. » Une chose est sûre pour le moment, la firme Google a pour habitude de faire dans les projets futuristes, voire même qu'elle « avance la tête dans le futur », écrit sur le blog http://leplus.nouvelobs.com, le prospectiviste français Philippe Cahen qui commence par souligner qu'environ « un cinquième du temps des employés de Google est consacré à dépasser le quotidien avec dans le fond une question : « Comment améliorer le moteur de recherche ? » traduit par « comment améliorer la vie du monde à l'aide de la technologie » ?. Une gageure ? La presse rappelle en effet les projets, novateurs en leur temps, de Google Earth, lancés en 2004, qui avait vu la société se lancer dans le terrain, alors « vierge » de la géolocalisation, pour aboutir, in fine, à des projets avérés. Google, qui ose tenter les terrains de l'innovation, connaît également les limites marketing et commerciales de ses initiatives, et sait y mettre un terme lorsque cela s'impose ; comme avec son projet Knol, sensé concurrencer wikipedia, ou tout simplement Googehealth ; des projets abandonnés faute de pertinence. En somme, pour reprendre le prospectiviste français, le géant de la recherche sur internet « fait tout simplement de la prospective. Google lance des idées loin dans le temps ; si l'idée accroche, elle est développée ; si l'idée décroche, elle est classée. » Certes, les investissements de Google dans le domaine de la robotique peuvent encore paraître relever d'une gageure. Mais à y regarder de plus près, beaucoup d'analystes trouvent matière pour expliquer cette percée. Le site de la radio française Franceinfo.fr a mis en ligne un dossier consacré aux opportunités perceptibles du marché de la robotique, considéré, par un membre du gouvernement français « comme la prochaine frontière de la révolution technologique ». Et Google semble résolu à s'y préparer, avec notamment le recrutement, en 2012, de Raymond Kurzweil, expert en intelligence artificielle, l'un des adeptes du transhumanisme, chargé de promouvoir « l'usage des sciences et des techniques pour améliorer les performances physiques et mentales de l'être humain », comme expliqué dans un documentaire de la chaîne de télévision franco-allemande Arte, cité par franceinfo.fr. Partie prenante dans l'éclosion des nouvelles technologies et des nouvelle sociétés agissant dans les domaines de la robotique, l'armée restera un client potentiel pour de telles innovations, voire même aidera à leur développement. Ce qui est certainement pour rassurer Google dans ses prévisions, sachant que sa dernière acquisition est complètement dédiée au marché militaire américain, et que Google a promis de continuer à assurer les commandes du département de la défense américaine. Le site de la radio française mise également sur de nombreuses applications civiles notamment dans « le secteur médical, le BTP, la sécurité, la logistique... », comme le lui a confirmé le ministère de la Défense français. Le site a fait un balayage des opportunités exploitées, même à titre expérimental, pour conclure que le secteur de la santé humaine absorbera, sans nul doute, de nombreuses vagues d'innovations en robotique. « C'est que la population est vieillissante dans les pays les plus développés. Le développement des robots est donc important, à terme, pour seconder les personnes âgées au quotidien », explique ce site qui se réfère à « un rapport sur le « développement industriel futur de la robotique » pour avancer que « le marché de la robotique pour les personnes dépendantes devrait peser 1 à 2,5 milliards d'euros, à l'échelle mondiale, d'ici 2018. Et les perspectives sont vertigineuses lorsque l'on sait qu'entre 2000 et 2050, le nombre de personnes âgées de 60 ans et plus devrait passer de 605 millions à deux milliards. » Ce ne sont pour le moment que de simples projections, qui n'empêchent cependant pas le patron de Google, Larry Page, de faire déjà étalage de son optimisme sur le futur du département robotique de son entreprise : « Android a commencé avec une idée folle, celle de mettre un ordinateur dans des centaines de millions de poches. Il est encore très tôt pour cela, mais je suis impatient de voir les progrès dans le domaine. » Ce qui est certain, c'est ces produits de la robotique envahiront dans un avenir plus ou moins proche la vie quotidienne de nombreux habitants de cette planète. Alors comme dirait un expert sur une publication spécialisée, « autant partir le premier, c'est ce que fait Google. » Sans savoir avec précision à quoi ils pourraient servir demain, le fait, est que, ajoute-t-il, « mieux vaut être présent car l'intelligence du robot sera un service commercialisé. Le marché s'annonce gigantesque. » Pour rappeler la philosophie de Google, le prospectiviste français, Philippe Cahen, nous rappelle : « Pourquoi Google travaille sur la voiture sans chauffeur ? Parce que le temps libéré pour le conducteur, et accessoirement pour le passager, est un temps à exploiter commercialement. Et Google veut être le premier. » Pour cet expert, « robotcène », soit ce fameux temps escompté où l'intelligence de la machine rejoindrait celle de l'être humain, surviendrait « plutôt dans une décennie que dans deux, c'est pourquoi Google accélère. Et mieux vaut être le premier ! ».