Au cours de l'après-midi, l'association artistique et culturelle « 3e millénaire », en collaboration avec l'ONDA, organisait un hommage à trois comédiens qui furent distribués dans la plupart des pièces produites durant les années 70 et 80. L'un d'eux, parti depuis en retraite, Boualem Benani, est surtout connu pour avoir interprété un rôle mythique dans le cinéma algérien. La calvitie et l'embonpoint n'ont pas altéré l'image du jeune qu'il est difficile de ne pas reconnaître. Il fut Omar Gatlatou qui a marqué toute une génération. Dans ce film sorti en 1976, Rabah Lechaa était, avec Abdelkrim Baba Aissa, un de ses copains de bureau. Le film s'achève avec une ultime scène tournée aux abords de la Grande Poste. On y voyait une bande de joyeux délurés exhorter un Omar bridé par la timidité à aller rejoindre Samia dont la voix a tant fait rêver le zazou Algérois. Zahir Bouzerar, l'enfant de Bejaia, dont la photo de jeunesse rappelle la dégaine de James Dean, a été aussi de cette époque glorieuse. Il a côtoyé Medjoubi, Rouiched, Sissani... L'inactivité le poussera aussi vers le cinéma. Les trois compères étaient émus par l'accueil au son de la zorna et par la présence de nombreux invités. Outre l'ex-ministre de la Culture, M. Bechichi, Mme Sator représentant la ministre de la Culture, de nombreux comédiens (Bahia Rachedi, Saïd Hilmi, Madani Naamoun, la chanteuse Djamila, Djamal Bounab, Ahmed Benaissa, Mustapha Preure....) ont pris place dans la salle où, par intermittence, retentissaient des youyous et des salves d'applaudissements. Très classe en costume blanc et chapeau, Rabah Lachaa n'a pas pu résister à l'envie d'exhiber ses talents de danseur. Ce n'est pas le premier hommage du genre qu'organise cette association. Elle a déjà honoré une soixantaine d'artistes et ne compte pas s'arrêter pour entretenir, dira son président, M. Sid Ali Bensalem, « la mémoire et se montrer reconnaissants et fidèles à ces comédiens qui ont représenté avec brio la culture nationale ». « Ils ont toujours leur place et il est inconcevable de tourner seulement avec des jeunes à qui on offre deux sous » ajoutera-t-il. L'hommage s'est décliné en tours de chants de nombreux artistes qui se sont succédé sur la scène avant que des burnous et des cadeaux symboliques ne soient remis aux trois artistes. Abderazak Guenif (chaabi) reprenant de célèbres succès de Guerouabi, Benzina ( Malouf ) Massi ( kabyle) et Bariza ( sétifien) ont ajouté à ces retrouvailles de la famille artistique des notes de joie et de gaieté. L'émotion se lisait sur le visage des comédiens qui, sensibles, se dirent « heureux d'être honorés de leur vivant » pour reprendre l'expression de Lechaa. « On aurait aimé que cela coïncide aussi avec la présentation d'une nouvelle pièce ou d'un nouveau film » dirent Bouzerar et Benani. Si l'initiative est à saluer et à renouveler, il faudrait songer à donner un peu plus la parole aux artistes quitte à taquiner les natures réservées. La nouvelle génération doit connaître le parcours de l'un et de l'autre. Des témoignages émaillés d'anecdotes sur leur carrière, leurs souvenirs sur les circonstances d'un tournage, valent mieux que le simple passage de chanteurs.