Le dernier film de Merzak Allouache est un opus trilogique dédié à son quartier natal Bab El Oued. Après Omar Gatlatou et Bab El Oued City, le cinéaste algérien boucle la boucle par un nouveau film justement intitulé Bab el web. Aussi, l'avant-première a été étrennée, avant-hier, à la salle Ibn Zeydoun, Riadh El Feth, à Alger. Et ce, devant un aréopage formé exclusivement d'hommes de culture, d'artistes et de journalistes, tous médias confondus. Merzak Allouache venait de faire salle comble. Et le public n'a pas été du voyage. La preuve ! A l'issue de la projection, c'est un tonnerre d'applaudissements qui s'est déclenché en guise d'ovation saluant la fraîche émoulue œuvre de Merzak Allouache. Un signe cinéphile de bon augure ! Bab el web est une comédie hilarante, attendrissante, comique et délurée sacrant et consacrant le quartier populairement populeux et pittoresque de Bab El Oued. Une sorte de nouvelle ode déclamée et déclarée à l'endroit de Bab El Oued. Le réalisateur, enfant terrible et de la balle de Bab El Oued, fait découvrir, décliner et aimer, sans fioriture, un Bab El Oued comme on ne l'a jamais vu. Des plans et des séquences panoramiques dont on s'éprend, sans jeu de mot, à première vue et, surtout, en interminable contre-plongée diurne et nocturne. Bab El Oued by night, une découverte ! Aussi, Merzak Allouache surfe sur Bab el web avec des clins d'œil relatifs à ce quartier. Des référents nostalgiques tels que la bouteille Hamoud Boualem (très chère au groupe de rap 113), le maillot et l'écusson du Mouloudia d'Alger, la zorna, le chaâbi de Dahmane El Harrachi... La trame du film prouve encore une fois que Merzak Allouache est le king of comedy. Une affaire de triangle dans un trio d'enfer mettant en vedette Samy Nacéri, Faudel (le chanteur de raï) et Julie Gayet, la respectée et respectable actrice française. Un vaudeville burlesque et vraiment « pimenté » exhibant un Samy Nacéri dans un rôle majuscule de grand frère avec les tics et les tocs de l'exubérance juvénile et débrouillardise de Bab El Oued, un Faudel convaincant et désormais crédible en tant qu'acteur (grand écran) et une Julie Gayet qui crève l'écran et irradie la toile par une prestation « made in bled » très délicate et fluette. Et puis Julie Gayet est d'une grâce à faire tomber ! Toute l'histoire navigue à vue entre réalité et fiction à partir de l'univers du phénomène de société ambiant des cybercafés et leurs connexions en quête d'amour, d'évasion et d'exil. Laurence (Julie Gayet), Matrix-Bouzid (Faudel) et Kamel (Samy Nacéri), Bakhta, la comédienne du trio Amjad et Nass m'lah city, Yacine Mesbah, brillant en mafioso algérois, Hassan Benzerari, en « parrain » arriviste, Boualem Benani, acteur fétiche (Omar Gatlatou), en gérant flegmatique de cybercafé, et une apparition en guest star de Gad El Maleh, en looser du village (karaoké). Et en prime, une trouvaille : la superbe séquence du combat de moutons. Bref, une comédie bien menée avec maestria et ficelée avec fluidité. « J'adore la comédie. Dans Bab el web, il y a le rire et l'émotion. Et j'aborde quand même les problèmes que vivent les jeunes », dit Merzak Allouache à propos de son film. Merzak Allouache, lors de cette avant-première, dédiera Bab el web à l'immense poète algérien Djamal Amrani. Un film à voir !