Désormais l'élément humain, dont les pêcheurs, sera au cœur de la stratégie de gestion des aires marines protégées. Le ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques, Sid-Ahmed Ferroukhi, a relevé, dimanche dernier, lors de l'ouverture des travaux de l'atelier international sur la pêche et l'aquaculture, que dans toutes les enquêtes précédentes, l'élément humain a été écarté. « C'est pourquoi, le ministère a décidé de lancer une enquête sur les aspects socioéconomiques des pêcheurs à la base du développement », a-t-il précisé. Concernant la relation de l'élément humain avec la biodiversité, il dira qu'il est temps d'instaurer un véritable dialogue entre les chercheurs universitaires et les professionnels de la pêche. M. Ferroukhi résume la problématique en soulignant qu'« il n'y a pas de biodiversité sans l'humain et on ne peut préserver les pêcheurs sans biodiversité ». Ainsi, son département a élaboré « 14 plans de pêcherie avec une approche systémique pour une meilleur gestion des zones de pêche et de la ressource où les pêcheurs seront au centre de la démarche ». Car, les questions ne sont pas algéro-algériennes mais à l'échelle méditerranéenne. Dans cette optique, l'Algérie adaptera certainement ce qui a été fait ailleurs notamment dans le cadre des aires marines protégées en s'appuyant sur le modèle corse.Dans ce cadre, le parc de Taza à Ziama Mansouriah (Jijel) constitue un projet-pilote de coopération avec l'ONG World Wildlife Fund (WWF) sur la gestion des aires marines protégées et une cogestion de la pêche artisanale en Méditerranée. A l'horizon 2020, l'Algérie s'est engagée à protéger 10% des aires marines, selon le président de WWF, Paolo Lambardi. Concernant les résultats de l'enquête réaliséen juillet dernier et qui a été présentée, hier, à l'Université Mohamed-Seddik-Benyahia, elle a permis de cerner le profil du pêcheur dans ses trois catégories (patron de pêche, mécanicien et marin) à partir d'un échantillon de 833 enquêtés. L'âge moyen des marins est de 37 ans, 45 ans pour les patrons pêcheurs et 40 ans pour les mécaniciens dont 70% sont mariés. Ils sont 3,9% des patrons à exercer hors de leur lieu de résidence contre 8% de mécaniciens et 3,2% de marins. Concernant la succession des descendances de l'activité, la majorité préfèrent que leurs enfants changent d'option. Cependant, 65% disent vouloir étendre leur activité. Pour ce qui est de l'instruction, 3% ont un niveau universitaire parmi les patrons de pêche et 2% pour les marins. L'autre aspect porte sur l'assurance des biens et des personnes : 85% des professionnels assurent leur coque. Pour l'assurance sociale, 90% sont déclarés à la sécurité sociale. Quant aux revenus, 90% des pêcheurs les tirent uniquement de leur activité. Il existe deux sortes de rémunération : les parts ou le salaire fixe plus un pourcentage. L'enquête a révélé aussi que 8% des gens de la mer sont des malades chroniques et 11% de patrons ont eu des accidents de travail contre 13% pour les mécaniciens et 7% pour les marins. « Il faut savoir que 40% des professionnels sont adhérents aux différentes chambres de la pêche », a indiqué Ahmed Badrani, sous-directeur des statistiques au ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques.