L'homme, du haut de ses 92 ans, a pourtant un long et infatigable parcours de militant que le cercle des amis de la Casbah, avec la participation de l'association les amis de la Rampe Vallée, ont voulu exhumer. A en croire les présidents de ces deux associations, même s'il s'est toujours montré disponible lors d'hommages organisés à différentes occasions, il a obstinément refusé de se mettre en avant. « Il a fallu le convaincre car il a toujours affirmé qu'il n'avait accompli que son devoir », assure M. Aït Aoudia. Les organisateurs, au-delà de l'hommage mérité, ont voulu, surtout, « une rencontre intergénérationnelle pour que les sacrifices des aînés ne soient pas vains ». Il suffisait de reconnaître, hier après-midi à la salle de cinéma Algeria, parmi la grande assistance, les personnalités venues pour évoquer l'itinéraire de ce vieux militant, pour se rendre compte de sa valeur. Outre Ali Haroun, étaient présents Lamine Khane, Mohamed Maouche, Brahim Chergui, Saïd Chibane et Demagh El Atrous. L'historien Daho Djerbal a retracé la carrière politique de cet enfant de La Casbah qui, a-t-il rappelé, « fut membre du comité central du PPA-MTLD durant plus d'une dizaine d'années ». En novembre 1947, il fut désigné membre du BP et trésorier général en remplacement d'Aït Ahmed devenu responsable de l'OS. Chargé de l'organique, il eut à côtoyer toute l'élite politique du parti indépendantiste à l'instar de Chawki Mostefai, Lamine Debaghine, Abderahamane Kiouane, Aït Ahmed, Hocine Lahouel, Benkheda, Ahmed Bouda, Asselah Hocine, Fillali et, bien sûr, Messali Hadj. A ce titre, il eut à s'associer à des décisions de portée historique comme la création de l'OS en février 1947 ou l'engagement du parti dans le processus électoral et l'organisation de manifestations dans la capitale au printemps 1945. Ali Abdelahamid sera d'ailleurs un conseiller de Jacques Chevalier, le maire d'Alger. Dans le livre « Le FLN documents et histoire » (Casbah 2004) coédité avec Gilbert Meynier, Harbi a publié un document où Messali étale ses griefs à l'égard de ces élus musulmans coupables de passivité. « On doit savoir de sa bouche ce qui s'est passé durant la crise dite berbériste de 1949 », dira Tahar Gaïd. Il fut aussi impliqué dans la crise entre la direction du PPA et les centralistes qui avait précipité le déclenchement de la révolution. On a rappelé aussi son implication dans la création, en 1941, de l'école Errached où, à l'enseignement de la langue arabe, se mêlaient les cours d'éducation politique. Il prit aussi une part active à la rédaction des journaux du parti. Sur tous les fronts M. Bettache, le président de l'APC d'Alger-Centre et d'autres intervenants ont rappelé que Sid-Ali Abdelhamid fut un repère en une période cruciale pour le pays. L'homme, qui rejoint le FLN comme tant d'autres centralistes, croupira de longues années en prison. Arrêté le 24 mai 1956, il sera élargi en octobre 1960. Une nouvelle génération qu'il a approchée constituée des Abane, Mehri, Benkheda ou Yazid avait pris le relais. Présente, Annie Steiner a fort opportunément affirmé que « le mouvement national avait un long passé. Chaque génération reprend le combat de celle qui l'a précédée ». Depuis 1962, il s'est, comme tant de « pionniers du nationalisme », éclipsé des premiers rangs de la scène publique. Il demeure, toutefois, dépositaire de secrets, d'informations qu'à défaut de mémoires, il a distillés dans plusieurs interventions et rencontres publiques. Invité à prendre la parole malgré son âge avancé, il a affirmé que « ses premiers contacts avec le PPA remontaient à 1937 alors qu'il était facteur chargé de distribuer des télégrammes ». Ce fut le prélude à l'engagement qu'il mènera sur plusieurs fronts.