A l'instar de ce qui a été réalisé à Tlemcen en 2010, le ministère de la Culture prévoit de faire de la rénovation du vieux Constantine l'une de ses priorités pour l'événement « Constantine capitale de la culture arabe en 2015. » Une opération d'envergure qui sera sans doute plus complexe à réaliser par rapport aux nouveaux projets à l'instar des musées, des salles de spectacles ou de la grande bibliothèque. Tout est à reconstruire ou presque dans la vieille ville Souika, un défi colossal attend les autorités concernées, à commencer par l'Office national de gestion et d'exploitation des biens culturels protégés qui supervisera cette grande opération. Abdelouahab Zekagh, directeur général de l'OGEBC, nous a dévoilé le plan d'action des « projets patrimoniaux » qui se fera minutieusement par zones et par étapes. Souika, qui est implantée en plein centre-ville, est considérée comme l'un des plus vieux quartiers du pays, à l'image de la Casbah d'Alger, mais depuis quelques années et en raison du laisser-aller, ce patrimoine a perdu de sa superbe. Des maisons, des mosquées, des hammams ou des derbs sont partiellement ou complètement démolis, des métiers artisanaux ont disparu, des foundouks reconvertis en bazars et des ruelles de plus en plus désertées par la population. Une situation qui a fait réagir le mouvement associatif et culturel de la ville. À maintes fois, des tentatives de rénovation ont été lancées, en vain. La dernière en date est celle qui a été décidée en 2009, mais le projet, doté pourtant d'une enveloppe de 80 milliards de dinars, sera très vite abandonné et seules trois maisons ont été réhabilitées. Aujourd'hui, le ministère de la Culture est plus que jamais déterminé à engager une véritable opération de réaménagement du site, grâce à la manifestation de 2015. M. Zekagh nous précisera à ce sujet : « Nous avons fait appel à des experts étrangers par le biais de bureaux d'études ou d'entreprises. C'est une première car pour Tlemcen 2010 seules les entreprises algériennes étaient concernées. Nous disposons d'outils de diagnostic qui datent d'une année, nous allons cibler les points névralgiques tels que les hammams, les zaouias, les derbs. Cette opération, qui débutera le 28 février, va provoquer l'étincelle pour 74 projets de rénovation sur les 79 inscrits, répartis sur 25 lots et 9 zones. Les projets qui demandent beaucoup de temps seront réceptionnés par la suite. La partie basse de Souika a été divisée en trois parties, nous allons déblayer et faire des fouilles pour récupérer les déblais qui seront réutilisés si possible dans la reconstruction de la ville, les matériaux, les colonnes ou la faïence. Des équipes d'experts et d'archéologues (contrôlées par le centre de recherche en archéologie) superviseront l'opération et feront le tri pour compléter la réhabilitation. Et comme le terrain est en pente, il faudrait bâtir une partie écran de la ville dans le but de protéger le site des glissements de terrain » nous a-t-il expliqué. Concernant la réception des opérations, M. Zekagh nous a indiqué : « Tout dépend de l'ampleur du projet, les sites qui subiront de petites retouches, et qui représentent 50 % de l'opération, seront livrés avant 2015 , alors 40 % des projets seront livrés pendant la manifestation, ce qui va, selon lui, permettra aux citoyens et aux invités de Constantine de voir des chantiers éducatifs à ciel ouvert. Une fois les travaux terminés, la vieille ville bénéficiera d'une grande opération de mise en lumière pour mettre en valeur les monuments. Le coût total de l'opération est évalué à 7,5 milliards de dinars. Par ailleurs, cette réhabilitation touchera également des monuments historiques tels que les tombeaux de Massinissa ou de Sidi M'hamed Leghrab, ou la ville de Tiddis. Au sujet du site Massinissa, l'OGEBC entend faire appel à des experts et des archéologues pour éviter les erreurs de l'opération de rénovation de 2004 durant laquelle le monument a subi quelques dégâts.