Le chemin qui mène vers la sécurité alimentaire dans la région méditerranéenne, du côté de la rive sud surtout, n'est pas sans embûches. Ressources hydrauliques et agricoles fragiles, pluviosité insuffisante, croissance démographique et urbanisation rapide, dépendance des importations... Un diagnostic peu reluisant que le directeur général de l'organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), José Graziano Da Silva, a exposé, jeudi, à Alger, lors de l'ouverture de la 10e réunion des ministres de l'Agriculture des Etats membres du centre international des grandes études agronomiques méditerranéennes (Ciheam). A tout cela, il faut faire face. C'est là tout l'objectif de cette réunion. « Les prix instables des produits alimentaires sur le marché mondial est une source d'inquiétudes perpétuelle pour les pays qui en importent. Les modèles de consommation dans le monde ayant évolué, nous devrons suivre ce changement. Aller vers de nouveaux modèles qui soient appropriés aux spécificités de la Méditerranée », a suggéré le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Abdelwahab Nouri. Faire face également au gaspillage des produits alimentaires mais également à celui des connaissances et des expériences. « Quand les compétences ne sont pas exploitées, c'est du gaspillage », estime le secrétaire général du Ciheam, Cosimo Lacirignola. Pour M. Nouri, la base d'une sécurité alimentaire durable réside aussi dans le développement de l'agriculture et des territoires ruraux. « D'où la nécessité d'aller vers une stratégie régionale globale, durable, innovatrice et vers des mécanismes de travail communs mais qui ne perdent pas de vue, toutefois, les spécificités de chaque pays », préconise-t-il. Une politique de développement agricole basée sur un partenariat mutuellement avantageux qui tienne compte, selon le ministre, des impératifs de protection de l'environnement, de la préservation des ressources naturelles et des contraintes structurelles et conjoncturelles propres à chaque pays. C'est à cela, justement, que les experts de la région méditerranéenne ont réfléchi lors du séminaire précédant cette réunion. Parmi leurs recommandations, l'adoption des politiques nationales et régionales de développement agricoles, avec la valorisation des produits riches en protéine. Dans ce contexte, M. Nouri a souligné l'efficacité de la politique de développement agricole et rurale de l'Algérie qui lui a permis de produire plus de 70% de ses besoins et d'atteindre 14% en termes de croissance annuelle en moyenne dans le secteur. « L'Algérie n'a épargné aucun effort pour venir en aide à certains pays amis, en participant à l'allégement de leur endettement qui a lourdement pesé sur leurs capacités à assurer leur sécurité alimentaire », a, en outre, signalé le ministre. Pour mieux répondre aux besoins de la rive sud de la Méditerranée, les experts ont également recommandé le soutien à l'agriculture familiale, à promouvoir une approche territoriale de la sécurité alimentaire et d'intégrer les politiques de développement et préservation forestières, de pêche et de l'eau. L'Union européenne est invitée ainsi que la FAO et le Ciheam à examiner un agenda stratégique de coopération en faveur du développement agricole, alimentaire et rural dans la région. Et afin de donner un caractère concret à ces recommandations, les ministres de l'Agriculture ont convenu de les porter à la connaissance des ministres des Affaires étrangères de leurs pays pour en tenir compte dans les négociations internationales et les initiatives politiques dans lesquelles ils se sont engagés.