Le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), qui a fait profil bas pendant plusieurs mois, a-t-il décidé de reprendre ses activités terroristes dans le Nord malien, une région censée être pacifiée après l'intervention de l'armée malienne, de la Mission des Nations unies au Mali et des troupes françaises ? Ses deux derniers méfaits confortent l'hypothèse de son retour en force. Selon la presse malienne, des dizaines d'éléments de ce groupe, dont certains sont très connus, ont repris pied dans la région, notamment à Gao, sans être inquiétés. Certains, signale le quotidien L'Indépendant, reviennent de Libye. « Il ne se passe pas quinze jours sans recevoir des obus qui viennent de sept à dix kilomètres de Gao », reconnaît, sur les ondes de la BBC, Sadou Arouna Diallo, le maire de Gao. Le 6 février dernier, ce mouvement terroriste lié à al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui ambitionne d'« exporter la guerre du Sahel à l'Afrique de l'Ouest », a perpétré un massacre à Tamkoutat (nord-est de la ville de Gao) proche de Djébock. Bilan : 35 morts de la tribu Imrad Curieusement, il n'a pas revendiqué son acte. Sans doute pour encourager ceux qui ont pointé un doigt accusateur à Gao, sur les Peuls, une ethnie d'éleveurs et réveiller le long conflit qui opposait les éleveurs peuls et aux groupes touareg que la guerre de 2012 a mis sous veilleuse. Le Mouvement national de libération de l'Azawad accuse le Mujao d'être auteur de ce massacre. Il affirme que ses troupes ont engagé une course-poursuite contre les assaillants, les 8 et 9 février, qui auraient traversé la frontière du Niger. Ses troupes auraient tué six des « assaillants ». Le Mali post-Serval vient-il de faire un pas vers des violences entre communautés ? Le MNLA affirme mener « actuellement des rafles militaires dans toute la zone pour défendre le peuple de l'Azawad ». Autre méfait d'arme de ce groupe : l'enlèvement, le 8 février dernier, de cinq agents du Comité international de la Croix-Rouge sur la route Kidal (extrême nord-est) et Gao (nord-est). Un « enlèvement » que le groupe s'est empressé, hier, de revendiquer. Alexis Heeb, le porte-parole du CICR, qui admet être en contact avec le Mujao et d'autres groupes armés au Mali, refuse de confirmer cette revendication. Le gouvernement malien a dénoncé « des actes terroristes », sans citer le nom du Mujao.