La Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) revoit à la hausse le nombre des soldats qu'elle comptait déployer dans le cadre de la Misma, sa force d'intervention au Mali. Elle la porte de 3.300 à 6.000 hommes auxquels s'ajouteront les 2.250 soldats annoncés par le Tchad. Le Conseil de sécurité, qui a voté pour ce déploiement le 20 décembre dernier, est avisé. Il doit, selon le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine, fournir « en urgence » une aide logistique à ce déploiement, dont « l'emplacement » des unités sur le terrain a été déterminé, samedi dernier, à Abidjan, par les chefs d'état-major des pays membres de la Cédéao. Sur le terrain, l'intervention militaire contre les groupes armés terroristes qui sévissent au nord du Mali, connaît, à son 17e jour, deux développements majeurs. Un, les Etats-Uni, qui ont jusqu'à présent fourni de gros porteurs C-17 et des renseignements via des satellites et sans doute des drones, ont décidé de s'impliquer davantage dans l'opération Serval. Ils ont accepté, non seulement de ravitailler en vol les avions français « pendant la poursuite des opérations au Mali », mais aussi de transporter les troupes africaines. Deux, les soldats français et maliens ont libéré Gao, la plus grande ville du nord malien et bastion du groupe terroriste Mujao. « Les forces maliennes et françaises libèrent Gao », a annoncé, samedi, le ministère français de la Défense, dans un communiqué, précisant que des membres des forces spéciales s'étaient emparés de l'aéroport et d'un pont stratégique à Gao, à 1.200 km au nord-est de Bamako. Selon Paris, les contingents formés de militaires du Niger et du Tchad ont pris le relais des forces françaises pour sécuriser la ville. Après Konnat, Douentza (centre), Hombori (nord-est), Diabali (ouest) et Gao, à qui le tour ? Tombouctou, la ville-phare de l'islam en Afrique. Selon Reuters, les militaires français et maliens sont aux abords de la ville située à 1.500 km au nord-est de la capitale. Seul couac : la détermination des réfugiés de cette ville à se venger de ceux qui ont détruit des mausolées de saints musulmans et imposé la chari'a. Prochaine ville à libérer : Kidal. L'aviation française bombarde, depuis hier, les positions terroristes. « Ces frappes, dit-on, ont touché la maison de Iyad Ag Ghaly, le chef d'Ansar Dine qui se serait réfugié avec Abou Zeid, un émir d'Al-Qaïda au Maghreb islamique, dans les montagnes de cette ville qui a été conquise en mars 2012 par le Mouvement national de libération de l'Azawad, alors allié aux groupes terroristes. Une victoire se dessine pour l'armée française, les soldats maliens et leurs alliés africains dans la reconquête du nord du Mali. Un signe qui ne trompe pas. Sadou Diallo, maire de Gao, est reparti, hier, sur ses terres. Mais cette « courte » guerre semble sur le point de provoquer, selon le Comité international de la Croix-Rouge, « une des crises humanitaires les plus profondes ».