L'Afrique a, depuis hier, sa propre organisation policière. Il s'agit d'Afripol, un mécanisme africain de coordination et de coopération des institutions policières, qui permet aux institutions policières de parler d'une même voix au plan international. Alger n'a pas eu seulement le privilège d'organiser la rencontre, mais elle va également abriter le siège de cette organisation africaine. C'est ce qu'a annoncé, hier, le directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), le général-major Abdelghani Hamel, lors d'un point de presse animé en marge de la clôture de la rencontre africaine des directeurs et inspecteurs généraux de police. Le DGSN a qualifié la rencontre de « succès » à la lumière des débats fructueux qui ont marqué les travaux et du nombre des participants (113 délégués de 41 pays africains), outre les représentants d'Interpol, de l'Union africaine et des organisations policières régionales. Afripol est née à l'issue de cette rencontre. Selon le patron de la police algérienne, ce mécanisme permettra non seulement de renforcer davantage la coopération entre l'Afrique et Interpol et les organisations policières d'autres continents, mais constituera « le cadre idoine pour approfondir les échanges sur le développement des relations bilatérales de nos institutions policières », a-t-il souligné. Evoquant les missions d'Afripol, le DGSN a précisé que cette organisation va encourager la coopération policière régionale et « œuvrera au renforcement de la convergence des perceptions entre les chefs de police en termes d'évaluation des menaces, de définition des approches et de promotion des capacités institutionnelles policières dans les domaines de la formation, de la police scientifique, de la gouvernance des services de police, fondée sur le respect des droits de l'Homme, la justice et l'équité ainsi que le partage des bonnes pratiques ». Selon lui, Afripol permettra aux pays africains « d'éviter que des solutions leur soient imposées sans prendre compte du contexte africain ». Par ailleurs, le DGSN a estimé qu'Afripol procédera à la mise à niveau de la police africaine. « Il y a des disparités dans les pays du continent africain. On procédera, en premier lieu, à la mise à niveau des polices africaines, notamment dans les pays qui souffrent de faiblesses, et au recensement des difficultés et des problèmes de chaque pays », a-t-il précisé. S'agissant des capacités des policiers africains en matière de lutte contre le crime organisé, notamment la corruption, qui a causé en 2013 une perte de 50 milliards de dollars au continent, selon le rapport de l'ONU, le patron de la police algérienne a soutenu que « ce phénomène mondial sera combattu à travers une coopération et une coordination policière efficace entre les différents pays africains ». En outre, le DGSN a précisé qu'il n'y a pas d'interférences entre Afripol et Interpol. « Chaque continent a ses problèmes spécifiques et sa propre police, c'est dans cette optique qu'Afripol a été créée », a-t-il rappelé. « Un acquis pour le continent africain » Pour sa part, le commissaire à la paix et à la sécurité de l'Union africaine, Smaïl Chergui, a estimé que cette organisation est un grand acquis pour l'Afrique. « Elle permettra le renforcement de la paix et de la stabilité et adoptera les principes de l'Union africaine liés au respect des droits de l'Homme », a souligné le responsable.De son côté, le responsable de la police du Niger et représentant d'Interpol en Afrique, Mohamed Abou Bakr Amadu, a estimé que la coopération policière entre les pays de l'Afrique est plus qu'une nécessité. « Il existe des groupes criminels qui ciblent la stabilité des pays en Afrique. Le monde est devenu un petit village, ce qui nécessite la conjugaison de nos efforts car aucun pays ne peut combattre la criminalité tout seul », a-t-il relevé.