La militante marocaine, lauréate, en 2013, du prestigieux prix des Nations unies pour la cause des droits de l'homme, Khadija Ryadi, a relevé, mardi dernier, à Paris, un « retour remarquable » aux procès politique « inéquitables » au Maroc où la justice demeure, selon elle, « instrumentalisée ». « Après les acquis arrachés dans les années 1990, nous constatons de plus en plus un retour aux procès politiques au Maroc où le régime instrumentalise la justice, tantôt en prétextant la lutte contre le terrorisme et tantôt en maquillant des procès politiques en procès de droit commun », a-t-elle indiqué lors d'une rencontre-débat organisée par la section d'Ile-de France de l'Association marocaine des droits humains (AMDH). Aux yeux de la coordinatrice du Collectif marocain des instances des droits humains (CMIDH, composé de 22 organisations), ce ne sont pas seulement les islamistes qui ont été la « cible de cette répression », mais cela s'est « généralisé par la suite, en atteignant d'autres catégories sociales et professionnelles, dont les journalistes, les défenseurs des droits humains et les étudiants activistes ». « C'est une répression qui a commencé à faire tache d'huile au Maroc notamment après le Mouvement du février 2011, touchant aussi les activistes sahraouis, depuis les évènements d'El Ayoun, et le groupe dit de Gdeim Izik », a affirmé Mme Ryadi qui a rencontré moult difficultés en France, pour tenir sa conférence. Notamment à la Maison de la Norvège au sein de la Cité internationale universitaire de Paris où elle a reçu un « niet » « au motif que la réunion était trop politique ». En catastrophe, une salle a été trouvée dans le 14e arrondissement de Paris pour permettre la tenue de la rencontre. Lors du débat, les intervenants ont mis l'accent sur la « responsabilité » de la France officielle et le « silence assourdissant » de ses médias dès qu'il s'agit du chapitre des droits de l'homme au Maroc. « Les intérêts économiques de la France ont été toujours priorisés par rapport aux droits de l'homme au Maroc. Et lorsque le mouvement du 20 février s'est déclenché, l'ambassadeur de la France au Maroc avait invité des jeunes du Mouvement pour les prévenir de la gravité de leurs activités », a rappelé la militante qui devait tenir, hier, une autre conférence à Lyon.