La communauté internationale, représentée par des associations et des organisations, a continué jeudi de dénoncer les "lourdes" condamnations des prisonniers politiques sahraouis, prononcées dimanche dernier par un tribunal militaire marocain. Ces associations et organisations ont, pour la plupart, appelé à la libération "immédiate" des 24 prisonniers sahraouis de Gdeim Izik, exhortant notamment le Conseil de sécurité des Nations Unies à intervenir pour demander l'annulation du verdict. Le Centre américain Robert F. Kennedy pour la justice et les droits de l'homme a dénoncé ces lourdes condamnations, tout en critiquant le Maroc pour sa "violation des normes d'un procès équitable". "RFK Center exprime sa profonde inquiétude des mauvais traitements et du procès militaire réservé aux 24 Sahraouis par le Maroc", a indiqué dans un communiqué cette organisation basée à Washington, exigeant une enquête "exhaustive" sur les tortures subies par les prisonniers politiques sahraouis. De son côté, la Confédération générale italienne du Travail (CGIL) a qualifié, dans une déclaration à Rome, le verdict d'"inacceptable", selon Sergio Bassoli, chef du Département de politique générale du plus grand syndicat des travailleurs italiens qui compte plus de 6 millions d'adhérents. Dans le même sillage, quatre Organisations non gouvernementales (ONG) italiennes amies du peuple sahraoui ont dénoncé ces "lourdes" condamnations et appelé à la "libération immédiate" des prisonniers politiques sahraouis. Il s'agit de trois ONG basées en Italie (Jaima sahraouie, Kabara et El Ouali) qui sont regroupées au sein de la "Campagne internationale pour la libération des prisonniers politiques sahraouis". Elles ont émis, dans un communiqué conjoint, un "SOS-liberté" pour le groupe de militants du camp de Gdeim Izik, alors que l'Association nationale de solidarité avec le peuple sahraoui (ANSPS), a fait observer que "Rabat s'illusionne de décapiter le +printemps+ sahraoui". En France, la Confédération générale du travail (CGT) a relevé que ces "lourdes" peines prononcées par un tribunal militaire à Rabat sont "en violation du droit international ainsi que de la législation marocaine". "La CGT dénonce ce simulacre de justice aux ordres qui veut briser des militants qui ne cessent d'agir pour simplement faire appliquer les résolutions de l'Onu", a écrit la confédération dans un communiqué. Par ailleurs, un rassemblement de militants des droits de l'homme et de partis politiques est prévu le 27 février à Paris pour exiger la libération des Sahraouis condamnés et demander aux autorités françaises de dénoncer le procès "inique" dont ils ont fait l'objet. Cette action, à l'appel du Collectif sortir du colonialisme, intervient pour faire "rappeler à la France officielle ses engagements en matière de défense des droits de l'homme", a indiqué le président du Collectif, Henri Pouillot. Pour sa part, le Réseau euro-méditerranéen des droits de l'homme (REMDH) a condamné "la tenue du procès inéquitable" des 24 Sahraouis annonçant qu'un "rapport complet" sur ce procès sera publié dans les prochaines semaines. Le REMDH a indiqué, à ce propos, que "la tenue d'un procès aussi inéquitable laisse mal augurer la réforme judiciaire annoncée par le gouvernement (marocain)", rappelant que le Réseau est composé de représentants d'organisations de défense des droits de l'homme, d'institutions et de personnes situées dans 30 pays de la région euro-méditerranéenne. De son côté, le président de l'Association des familles des détenus et des disparus sahraouis, Abdesselam Omar, a dénoncé ce verdict arbitraire, le qualifiant de procès "illégal". Un des avocats du collectif de la défense, Me Mohamed Messaoudi, a affirmé dans une conférence de presse au siège de l'association marocaine des droits humains (AMDH), que le tribunal militaire de Rabat était un "tribunal d'exception" et le procès des 24 Sahraouis activistes des droits de l'homme n'était "ni juste, ni équitable". Me Messaoudi, accompagné de deux prévenus sahraouis, libérés pour avoir purgé la peine correspondant à la durée de la détention préventive (plus de 27 mois de prison), a notamment relevé que le président du tribunal avait un "pouvoir absolu pour prendre n'importe quelle décision" par rapport au dossier, ajoutant que le procès "n'était pas juste devant la loi et la justice" dans le fond. Le Tribunal militaire de Rabat avait condamné le 16 février en cours, 24 prisonniers politiques sahraouis de Gdeim Izik à des peines allant de 20 ans de prison à la réclusion à perpétuité. Ils ont été accusés de violence et de meurtre de militaires marocains lors du démantèlement violent du camp de Gdeim Izik en novembre 2010".