Niamey a abrité, hier, la troisième réunion des ministres des Affaires étrangères des onze pays membres du processus de Nouakchott, un cadre de réflexion et de concertation lancé dans la capitale mauritanienne le 17 mars 2013 par l'Union africaine pour renforcer la coopération sécuritaire dans la bande sahélienne. Ramtane Lamamra, le ministre des Affaires étrangères, a pris part à cette réunion qui se tient avec la participation des Nations unies et de l'Union africaine. « Le processus lancé à Nouakchott constitue un élément central de la sécurité régionale, bénéficiant de la légitimité de l'agenda de paix et de sécurité de l'Union africaine ainsi que de l'engagement des onze pays membres (Algérie, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Guinée, Libye, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria, Sénégal, Tchad), de l'appui des partenaires et de l'apport de mécanismes régionaux et continentaux, comme le Centre africain d'étude et de recherche sur le terrorisme, le Comité africain des services de renseignement et de sécurité et l'Unité de fusion et de liaison », a indiqué, dans son intervention, Lamamra, ajoutant que ce processus est « un mécanisme orienté vers l'action, grâce à la définition et à la mise en œuvre de mesures opérationnelles visant à combattre le terrorisme et le crime organisé, tenant compte des enseignements tirés de la crise malienne ». M. Lamamra qui a insisté les « nécessaires synergies et complémentarités » qui doivent exister entre les différentes initiatives pour le Sahel, a rappelé que « la coordination stratégique est indispensable » car, elle « vise à éviter les double-emploi et à conférer davantage de plus-value à l'action entreprise au niveau de la région ». Selon Lamamra, ces « mesures sont de nature à renforcer l'appropriation et le leadership des pays de la région et, au-delà, de l'Union africaine, de la stabilité et de la sécurité de la région ». Mohamed Bazoum, le chef de la diplomatie du pays hôte, est revenu sur l'enlèvement récent à Gao, au Mali, d'une équipe du CICR par le Mujao pour « illustrer » la précarité de la situation et la nécessité d'une coopération renforcée. M. Bazoum, qui estime que les « choses » évoluent dans le bon sens au Mali, met en garde ses pairs sur la situation en Libye où les tensions sont, dit-il, « plutôt inquiétantes ». « Devant la menace qui se joue à nos frontières, le processus de Nouakchott doit imprimer un rythme plus soutenu à sa démarche et innover sans cesse pour s'adapter aux mutations constatées sur le terrain », fait observer Smaïl Chergui, le Commissaire à la paix et à la sécurité de l'Union africaine, au président du Niger qui a appelé à générer une « nouvelle dynamique » au processus de Nouakchott. « Cette démarche solidaire doit forger une unité dans l'action face au foisonnement des initiatives arrêtées çà et là pour le Sahel, souvent sans consultation avec les Etats concernés et l'UA », explique Chergui, avant de rappeler que le processus de Nouakchott passe par l'instauration d'un climat de confiance. Pour faire face à des défis sécuritaires majeurs, comme au Sahel, il faut une vision commune et des efforts collectifs, indique Saïd Djinnit, le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies pour l'Afrique de l'Ouest. Lundi et mardi, les chefs de renseignements des pays de la sous-région ont estimé que le processus de Nouakchott a permis de renforcer « significativement » la coopération sécuritaire entre les pays du Sahel. Mais, ils ont évoqué aussi le retard que prenait l'échange d'information entre services et la « difficile » situation en Libye, au nord du Mali et au Nigeria, l'exploitation par les groupes terroristes des tensions et conflits communautaires et la menace liée au retour dans la région d'éléments terroristes partis combattre dans certaines parties du monde. Un contexte qui nécessite, selon eux, la mise en place d'un mandat d'arrêt africain pour les personnes accusées d'actes terroristes et la mise sur pied de patrouilles mixtes. Dans cette optique, une réunion des ministres de la Défense des pays du Sahel pourrait être prochainement convoquée. Un sommet des onze pays participant au processus est envisagé.