Niamey accueille depuis hier la 3e réunion ministérielle des pays du processus de Nouakchott, soulignant la nécessité d'une coopération accrue entre les acteurs compétents pour le renforcement de la sécurité dans la région. Le chef de la diplomatie du Niger, Mohamed Bazoum, a relevé que les récents évènements survenus à Gao (Mali) relatifs à l'enlèvement d'une équipe du CICR revendiqués par le MUJAO «démontrent suffisamment la précarité de la situation dans notre région et doivent nous interpeller davantage sur l'urgence et la nécessité d'une coopération renforcée entre les acteurs compétents». Il a indiqué que la rencontre de Niamey doit permettre de mener des discussions «approfondies» sur la situation sécuritaire et politique de la région. M.Bazoum a estimé que «les choses évoluent incontestablement dans le bon sens, au Mali notamment où le processus de cantonnement des groupes armés sera bientôt amorcé». Il a toutefois considéré que la situation en Libye, tant au plan politique que sécuritaire, reste marquée par des «tensions plutôt inquiétantes», appelant les participants à la réunion ministérielle à contribuer à générer une «dynamique nouvelle» au processus de Nouakchott. De son côté le commissaire à la Paix et à la Sécurité de l'Union africaine (UA), Smail Chergui, a indiqué que «devant la menace qui se joue à nos frontières, le processus de Nouakchott doit imprimer un rythme plus soutenu à sa démarche et innover sans cesse pour s'adapter aux mutations constatées sur le terrain». «Cette démarche solidaire doit forger une unité dans l'action face au foisonnement des initiatives arrêtées ça et là pour le Sahel, souvent sans consultation avec les Etats concernés et l'UA», a-t-il dit. Rappelant les grands axes du processus de Nouakchott, notamment le renforcement sécuritaire aux frontières et celui de l'échange de renseignements, il a souligné, dans la mise en oeuvre de ces mesures opérationnelles, «la nécessité de conforter le climat de confiance entre toutes les parties prenantes de la région, seul gage, a-t-il dit, de succès de l'action dans le domaine de la sécurité collective». Le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies pour l'Afrique de l'Ouest, Saïd Djinnit, a souligné, quant à lui, l'importance du processus de Nouakchott pour la région du Sahel, qui fait face à des défis sécuritaires majeurs. Il a précisé que relever ces défis repose sur une «vision commune et des efforts collectifs», rappelant que l'ONU soutient le processus de Nouakchott initié par l'UA en mars 2013 et «qui offre un cadre pour établir la confiance et renforcer la collaboration entre ses pays membres». Le président de la Commission de la Cedeao, Kadré Désiré Ouédraogo, a affirmé, pour sa part, que la stratégie sur le Sahel de la Cedeao «complète l'approche de sécurité régionale en y incluant tous les éléments marquants, permettant de renforcer la sécurité et la stabilité régionale. Il a expliqué que la stratégie de la Cedeao pour le Sahel reposait sur une approche de développement des infrastructures, du pastoralisme et de la sécurité alimentaire ainsi que de l'éducation. Pour lui, «il ne fait aucun doute que les stratégies du Sahel, initiées par les diverses organisations, si celles-ci sont bien coordonnées, devraient contribuer, de manière significative, au développement socio-économique et à la stabilité de la région». M.Ouédraogo a indiqué que cette troisième réunion ministérielle donnera un «nouvel élan et renforcera davantage notre engagement, en vue d'une stabilisation définitive de la situation au Mali, et permettra de trouver des solutions durables aux multiples crises qui secouent le Sahel». Les travaux de la réunion ministérielle du processus de Nouakchott sur la sécurité au Sahel se sont poursuivis à huis-clos. Le processus de Nouakchott, lancé dans la capitale mauritanienne par l'Union africaine le 17 mars dernier, inclut l'Algérie, la Côte d'Ivoire, la Guinée, la Libye, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Nigeria, le Sénégal et le Tchad.