Dans le cadre des ses activités cycliques, le Haut conseil de la langue arabe a présenté récemment le dernier livre de l'ancien cadre supérieur de la Sûreté nationale, Aïssi Kasmi. L'écrit, intitulé « Mémoire d'un individu... histoire d'une nation » est à caractère autobiographique. De l'avis de l'auteur, les ouvrages autobiographiques, appelés « Mémoires », constituent de précieux matériaux qui servent aux historiens pour écrire l'histoire d'une nation. Ils décrivent des situations et relatent des faits vécus dans le temps et dans l'espace par un auteur. Ceux-ci s'intègrent souvent dans une dynamique générale qu'ils peuvent fixer ou à tout le moins éclairer. Dans sa préface, le président du Haut conseil de la langue arabe, Azzedine Mihoubi estime que le livre est bénéfique surtout pour les historiens et les nouvelles générations. « Dans ce livre écrit-il, Aïssa (Aouis pour les intimes) n'a pas parlé de lui mais de sa famille ». « Il n'a pas parlé de Toudja (lieu de naissance de l'auteur) mais de l'Algérie », note M. Mihoubi. Le livre est, selon lui, « vide de narcissisme ». Il révèle, par ailleurs, que le titre du livre est une de ses propositions. L'ouvrage raconte l'itinéraire d'un Algérien comme les autres, semblable à toute sa génération. Né durant la Seconde Guerre mondiale, il grandit au milieu du brasier de la guerre de Libération nationale pour terminer un parcours assez atypique de près de 36 ans au sein de l'institution de la Sûreté nationale. Il traversera un autre brasier beaucoup plus dramatique et cruel qui est celui de la décennie noire. Du point de vue historique, l'ouvrage traite, entre autres, de la glorieuse résistance des hommes, des femmes et des lieux, de la contribution des enfants de Toudja à l'essor du mouvement national. Après l'indépendance, l'auteur s'attarde sur les conditions qu'a vécues le peuple algérien durant la période séparant la date du cessez-le-feu et l'indépendance. Il évoque également la situation sécuritaire exécrable créée par l'OAS, adepte la politique de la terre brûlée. C'est, en fait, une véritable fresque qui retrace les différentes étapes qu'a connues la société algérienne au cours de ces cinquante dernières années. L'ouvrage traite également de divers sujets à caractère littéraire et social. Il insère un chapitre assez court relatant ses souvenirs avec Kateb Yacine qu'il a connu et fréquenté durant les années 60 et au début des années 70. Aïssa Kasmi a clos ses souvenirs par la tragédie nationale. Un chapitre sous le titre de « Pénurie de cercueils » « Pourquoi cette tragédie » fixe la chronique de ces années de braise Pour l'auteur, « le retour sur cette tragédie nationale n'a nullement pour intention d'entretenir de la haine ou d'alimenter les passions, le seul objectif est d'accomplir un devoir de mémoire pour que les générations futures ne puissent oublier les sacrifices incommensurables des générations précédentes au service de l'Algérie et, surtout, pour que ce genre de tragédie ne se répète plus ». Un livre en somme qui cherche à tirer les leçons du passé.