« Tout comme chaque 8 mars, on songe à la femme martyrisée ou violentée, on ne doit pas penser aux handicapés uniquement lors d'une seule journée. C'est durant toute l'année, toute la vie qu'on doit les soutenir et leur venir en aide. Ils ont besoin, outre le réconfort moral, de soutien matériel ». Ces propos recueillis à la veille de la journée nationale du handicapé, sont de M. Kheloui Hocine, président de la plus ancienne association pour handicapés de la wilaya, « L'association culturelle et d'insertion des personnes handicapées ». On y compte, selon les chiffres officiels de la Direction de l'action sociale (DAS), plus de 31.800 handicapés dont 16.358 handicapés mentaux, 10.608 moteurs, 2.810 visuels, 1.699 auditifs et 328 polyhandicapés. Les handicapés de Tizi-Ouzou, par la voix du président de l'association, crient à nouveau leur désarroi et leur détresse. Beaucoup d'entre eux vivent dans le dénuement. Pour M. Kheloui, dont l'association regroupe plus de 500 adhérents, il est grand temps de voir les pouvoirs publics revaloriser les pensions accordées aux handicapés. « Cela fait maintenant des années que nous lançons des SOS pour que l'on reconsidère ce handicapé en lui donnant les moyens de subvenir à ses besoins dignement », assène-t-il. « Accorder 4.000 DA par mois uniquement à un handicapé dont l'incapacité et l'inaptitude sont estimées au taux de 100 % est tout simplement une injustice et un déni social », fulmine-t-il. « Qui pourrait subvenir à ses besoins avec cette somme dérisoire ? Et encore ! lorsqu'elle lui est versée dans les délais requis ! ». « Cette pension, en plus d'être dérisoire, n'est jamais versée à terme », ajoutera-t-il. Pour M. Kheloui, « une revalorisation passerait par un alignement sur le SNMG pour les handicapés qui ne peuvent travailler ou exercer une quelconque activité professionnelle ou commerciale ». Tout en reconnaissant les efforts de la DAS qui s'occupe des placements professionnels de cette frange de la société, M. Kheloui revendique aussi qu'ils soient « recrutés dans les institutions publiques à raison de 3 % sans qu'ils n'aient à subir des épreuves et autres concours comme cela se faisait par le passé ». Il est certain que « devant des valides, ils se retrouvent de fait à nouveau handicapés et recalés », fait-il remarquer. Il souhaite aussi la réintroduction de la carte de gratuité dans les transports publics, supprimée depuis un certain temps. M. Kheloui est tout simplement scandalisé qu'il n'y ait pas d'aménagements ou de places de parking réservées aux handicapés dans les institutions administratives et économiques, publiques ou privées, ou encore dans les aires de stationnement. Le même responsable a émis le vœu de voir les services sociaux des APC instruits pour « la prise en charge du handicapé et du nécessiteux comme cela se faisait dans un passé pas lointain pour ses rendez-vous médicaux et hospitaliers, pour le soulager de ces longues semaines à attendre un hypothétique rendez- ous dans un hôpital ». Aujourd'hui, le handicapé, pour ses examens de radiologie et d'imagerie ou de biologie, doit débourser le prix fort chez les praticiens privés. âmes bienfaitrices Outre les pouvoirs publics, M. Kheloui fait appel aux âmes charitables pour soutenir toutes les associations activant au profit du handicapé. Il a surtout aimé voir nos artistes, vedettes et autres sportifs parrainer des actions ou des associations en direction des handicapés. C'est ainsi qu'il nous apprendra que son association a reçu cette année une subvention de 50.000 DA et certains parrainages de la vedette mondiale de football, Zinédine Zidane, ou encore du chanteur Lounès Kheloui. « Dieu merci, il y a toujours des hommes de bonne volonté, à l'instar de Zinédine Zidane qui, à travers sa fondation, a offert, l'été dernier, une prise en charge totale d'une semaine à Tigzirt pour une cinquantaine de personnes handicapées de la wilaya de Tizi-Ouzou, ainsi que cinq fauteuils roulants, des béquilles et des cannes anglaises, ou de Lounès Kheloui qui intervient à chaque fois qu'il le peut ». Il regrette « le désintérêt des autres artistes et sportifs qui pourraient reverser quelques dinars de leur cachet au profit des handicapés ou pour d'autres franges de la société dans le besoin ». A propos de béquilles et de cannes, M. Kheloui nous dira que « pour informer les handicapés de la disponibilité au sein de son association et à titre gracieux de béquilles ou de cannes, il suffit de se présenter au siège de l'association sis à la cité des enseignants au centre de Tizi-Ouzou ». il réitérera à la fin son appel à l'endroit des pouvoirs publics et des âmes charitables. Pour lui, « nul n'est à l'abri d'un handicap ».