Ce fut une journée bien particulière pour la ribambelle de jeunes, encadrés par leurs profs et des membres d'associations, qui ont bravé, vendredi matin, un brouillard glacial et rétif au vent pour se rendre dans la forêt de l'Akfadou afin de célébrer la Journée internationale des forêts et, par la même occasion, faire une randonnée de découverte des magnifiques sites de ce massif boisé. Initiée par la Conservation des forêts, cette action a été mise à profit par les autorités locales pour qu'elle ait le maximum d'impact, de sorte que les APC des daïras de Chemini et Sidi Aïch, des associations et des éléments des différents corps constitués participent, réunissant ainsi quelque 350 personnes. Les plus enthousiastes étaient les jeunes élèves, dont les efforts en classe ont été récompensés par leur participation à cette randonnée. Habillés sportivement pour la circonstance, ils ne se sont pas fait prier pour prendre place dans les bus. C'est donc une caravane de plusieurs véhicules qui s'est ébranlée de devant le siège de la daïra de Chemini en direction du lac de l'Akfadou, que la plupart découvriront avec ébahissement, en dépit du brouillard qui voilait de gris un paysage bien plus coloré sous la lumière solaire. Il faut croire qu'en dépit du fait que la plupart des participants vivent quasiment à sa lisière, bien peu connaissent la forêt de l'Akfadou. Chercheur à l'INRA d'Azazga, Mohand Messaoudène, qui a sillonné l'Akfadou toute sa carrière durant pour les besoins de ses travaux scientifiques, trouva là une belle occasion pour faire la leçon écologique à des élèves des plus attentifs, mais également aux adultes qui auront eu l'opportunité de savoir, par exemple, que ladite forêt a été exploitée durant la colonisation par une entreprise qui fabriquait avec le bois du chêne-zen des traverses pour les chemins de fer qu'elle exportait en métropole ou que des artisans locaux utilisaient ce même bois pour le cerclage des tamis, cet ustensile si cher aux ménagères algériennes. Et, bien sûr, de lancer également un message aux habitants pour préserver cette forêt et à l'administration pour ériger cette zone forestière en parc naturel afin qu'elle puisse bénéficier de l'attention qu'elle mérite. En attendant ce statut salvateur, il faut signaler l'initiative dont fera part le chef de daïra de Chemini, Mouloud Kaci, qui expliquera que les élus des différentes APC ont décidé de fédérer leurs efforts pour faire de ce territoire un espace de développement commun grâce à des projets d'aménagement des sites à potentiel touristique. Une rare expérience d'intercommunalité sur laquelle nous reviendrons. L'opération de mise en terre de 200 cèdres, qui enrichiront ainsi la biodiversité de ces lieux où le chêne-zen est roi, s'est déroulée dans une ambiance bon enfant. Chacun voulait mettre la main à la pâte : adulte ou adolescent, homme ou femme, en civil ou en uniforme. Cet acte de citoyenneté accompli, la randonnée pouvait commencer. Direction le lac Agoulmime Ykher, dans la commune de Tibane, où était également prévue la plantation d'arbres. Cinq kilomètres à parcourir dans le brouillard et sur un terrain par endroit gorgé d'eau. Un petit mensonge, en fait, pour ne point décourager les plus jeunes et les moins enclins à la marche à pied. Ce fut quelque 13 km, qui seront ponctués par de nombreuses glissades provoquant sans faille l'hilarité. La fatigue à l'arrivée n'a pas empêché les jeunes de faire un brin d'animation artistique, histoire d'oublier le froid et une petite déception de ne pouvoir profiter pleinement du paysage à cause d'un brouillard refusant de se dissiper.