Selon les sherpas, qui ont préparé le sommet après quatre réunions à Istanbul (Turquie), à Vienne (Autriche), à Ottawa (Canada) et à Pattaya (Thaïlande), trois principaux sujets seront au menu : la réduction de la quantité de matières nucléaires dangereuses dans le monde, l'amélioration de la sécurité des matières existantes et le renforcement de la coopération internationale. « Les pays ont pris d'importants engagements au cours des quatre dernières années, mais ces efforts ne sont pas suffisants pour établir un mécanisme efficace de gestion et de contrôle sur la sécurité des matières nucléaires », estime Deepti Choubey, directeur de l'organisation « Initiative relative à la sécurité nucléaire et biologique et à la menace nucléaire ». « Si vous combinez assez ces matières avec les explosifs ordinaires, vous ne fabriquez pas une bombe nucléaire, mais vous pouvez fabriquer une bombe sale qui contamine une large zone par de la radioactivité. C'est aujourd'hui une énorme menace », affirme Dick Schoof, le coordinateur hollandais de la sécurité et de la lutte contre le terrorisme. 140 cas de matériaux radioactifs et nucléaires manquants ou illégalement utilisés ont été signalés à l'Agence internationale de l'énergie atomique en 2013. Entre 1993 et 2012, quelque 2.331 cas de ce genre ont été signalés à l'AIEA. Ce sommet, le troisième du genre après ceux de 2010 à Washington et de 2012 à Séoul, trouve son origine dans le discours qu'a fait à Prague en 2009, le président américain Barack Obama. Il avait qualifié, ce jour-là, le terrorisme nucléaire de « la menace la plus importante pour la sécurité internationale ». La parade ? « Réagir au plus vite. » Première action à entreprendre selon les Américains : renforcer la sécurité entourant les matières nucléaires pour éviter, entre autres, le vol et l'utilisation d'une arme nucléaire existante, le vol ou l'achat de matières fissiles dans le but de fabriquer une « bombe sale », le sabotage des installations nucléaires. Si le sommet de Washington s'est presque focalisé sur la sécurité des matières fissiles, celui de Séoul a « traité » trois sujets : le lien entre la sécurité et la sûreté nucléaire, la protection des installations nucléaires et la sécurité des matières hautement radioactives. A La Haye, les participants pourraient élever la sécurité des sources et matières radioactives au rang de priorité et créer un mécanisme d'évaluation des engagements pris par les Etats avec possibilité de création d'un système de contrôle contraignant. A l'heure actuelle, seules deux conventions traitent de la sécurité nucléaire. Il s'agit de la convention sur la protection physique des matières nucléaires et son amendement et de la convention pour la suppression des actes de terrorisme nucléaire. Les premiers jalons d'un système international contraignant seront-ils posés à La Haye ou attendront-ils le quatrième et le dernier sommet sur le nucléaire prévu aux Etats-Unis en 2016 ? Une chose est sûre, sous peu, chaque Etat sera responsable des matières nucléaires sur son territoire. Autrement dit, les pays qui n'ont pas les moyens de leur politique nucléaire vont se débarrasser de leurs stocks d'uranium hautement enrichi et de plutonium pour éviter des sanctions internationales et que ces « stocks » ne tombent entre les mais des groupes terroristes.