Rédjaouna, un village de plus de 14.000 âmes, surplombe la ville de Tizi-Ouzou. Il offre un panorama et des prises de vue uniques du fait de ses 700 m d'altitude, ce qui lui permet d'être aperçu des quatre points cardinaux et aussi d'avoir une vue plongeante sur les berges et les plaines du Sébaou en amont comme en aval de ce plus important cours d'eau de la wilaya. Situé à 6 km au nord de la ville de Tizi-Ouzou, au bout d'un asphalte sinueux, Rédjaouna est aussi connu pour son saint protecteur, « Sidi-Belloua » et sa zaouia qui, chaque week-end, reçoit de nombreux visiteurs venus des quatre coins de la Kabylie. C'est aussi là où est implanté le relais TDA de la télévision nationale et certains centraux des télécoms. C'est un village qui comprend deux bourgs : Rédjaouna Techt et Rédjaouna El Bour, mais dont les peines et les joies sont partagées par tout le monde. Rédjaouna c'est pratiquement un cul-de-sac tant il est le seul village en Kabylie qui ne soit pas relié à un autre par la route. Une route qui vous mène de Tizi-Ouzou à ... Tizi-Ouzou même si l'ancienne piste agricole et pare-feu a été bitumée, elle débouche comme l'ancien tracé vers le même endroit, l'hôpital Sanatorium. Sacrifices pluriels Les premiers habitants de ce village sont issus du village de Ath Bouyahia, dans la commune de Beni-Aissi que l'on aperçoit au loin du piémont de Redjaouna sans que l'on ne puisse avoir une idée précise de cette « émigration » forcée ou voulue. Si bien que pratiquement toutes les familles (Mokeddem, Aouam, Assam, Bouberaga, Kheloui, Harrouche (Tacht) Djebarra, Zidane, Saoudi, Meddani, Chabane, Adlani, Driouèche, Radji, Malki (el Bord) pour ne citer que celles-là qui composent Rédjaouna, ont toutes la même origine, Ath-Bouyahia, leur ancêtre vénéré auquel ils continuent vouer une admiration en participant, aux côtés des autres familles qui sont restées à Ben-Aïssi, aux rituelles cérémonies religieuses. Durant les années noires, les jeunes de la localité ont été la cible privilégiée des terroristes qui ont eu à perpétrer de nombreux assassinats dont le plus meurtrier a été cette bombe placée au niveau de la station de fourgons desservant ce village au centre-ville de Tizi-Ouzou qui avait fait quatre morts et de nombreux blessés. Tout comme ces jeunes qui ont été assassinés l'un à Takhoukht, lors d'un faux barrage pour la seule mention de sa résidence inscrite sur sa carte nationale d'identité, et le second dans son atelier de ferronnerie à la sortie sud de Tizi-Ouzou sur la route de Oued Falli pour avoir fait partie du comité de vigilance. Les hordes terroristes en voulaient au Rédjaounis (appellation des habitants de Rédjaouna ndlr) pour avoir pris les armes et érigé au milieu du village une garde communale. Ainsi, après avoir payé le prix fort pour la libération du pays avec près d'une centaine de martyrs, ils ont aussi payé le même prix pour la République. Si bien qu'aujourd'hui, ils veulent être un peu plus récompensés de par leurs sacrifices innombrables. L'espoir fait vivre Aujourd'hui, ils veulent voir la route, ce cordon ombilical qui les relie à la ville de Tizi-Ouzou, réhabilitée, notamment à l'intérieur du village où les tronçons sont pratiquement impraticables et constituent la bête noire des transporteurs. Ils veulent aussi que ce tronçon soit balisé et élargi de par sa sinuosité des plus dangereuses. « Vous ratez un virage, c'est la mort au bout du ravin » dira un automobiliste enseignant de son état pour mieux étayer et appuyer cette doléance. L'argent de l'émigration et les pensions reçues de cette dernière ont fait que les Rédjaounis ont érigé de belles bâtisses avec tout le confort nécessaire, puisque le village est désormais alimenté en AEP et en gaz de ville depuis un peu plus d'un septennat. Alors que par le passé, ces deux produits restaient pour ainsi dire une chimère. En matière de loisirs, les jeunes qui sont encadrés par deux associations sportives (Addal El Bord) et USSB (Tacht), et deux autres culturelles (Union Techt) et Tharawa En'Gaya (Bour) n'ont pour l'heure que les cafés et les salles de jeux électroniques pour « tuer » le temps et vaincre l'oisiveté. En attendant bien évidemment la réception d'un foyer de jeunes en voie d'achèvement. « Nous aurions aimé avoir une maison de jeunes mais on se contente de ce foyer » nous dira un jeune du village de Techt. Et dire que les habitants de Rédjaouna sont prêts à mettre la main à la poche pour financer la réalisation d'un centre culturel. Des jeunes veulent aussi s'ouvrir au monde extérieur à travers la toile Internet mais faute d'ADSL, ils ne peuvent le faire qu'avec des clés USB des opérateurs qui leur coûtent les yeux de la tête. En attendant, ils s'adonnent, lorsque le climat le permet, à des parties de foot au niveau de l'aire de jeux en terre mise à leur disposition dans chaque village. Il faut dire aussi que le relief montagneux de Rédjaouna n'offre pas beaucoup de possibilités aux pouvoirs publics pour ériger des stades ou autres aires de jeux conformes aux règles des compétitions si bien que l'équipe locale « émigre » assez souvent vers d'autres lieux pour disputer ses matches de championnat de wilaya. En attendant que passent le temps des promesses Toujours au chapitre des promesses, les habitants attendent aussi la concrétisation de celle faite par un des anciens ministres de la Santé qui, lors de sa visite dans cette localité, avait décidé de faire du petit centre de soins existant une polyclinique, même si cette dernière vient d'être lancée entre les deux villages. Il est vrai que le sanatorium, structure sanitaire dépendant du CHU « Nédir-Mohamed » de Tizi-Ouzou n'est qu'à un jet de pierre et elle est hautement spécialisée. Notons enfin que les habitants de Rédjouana réclament aussi à la sûreté de wilaya et à la wilaya plus de sécurité pour les biens et les personnes par l'érection d'une sûreté urbaine de proximité. Il faut dire que le travail inlassable du député du RND, Tayeb Mokeddem, a été payant tant dans ses démarches il n'avait cessé d'interpeller les pouvoirs publics quant au bien-être des habitants du village qui a vu naître ses parents. Au même titre d'ailleurs que les élus locaux (APC et APW) issus de ce village. En fait, Rédjouana mérite bien des égards au même titre que de nombreux villages de Kabylie qui vivent les mêmes problèmes et font face aux mêmes préoccupations. Un village qui a donné plus d'une cinquantaine de ses meilleurs enfants pour que l'Algérie recouvre son indépendance et se débarrasse de la horde terroriste.