En outre, quarante-deux PV de nettoyage des terres totalisant plus de 7,5 millions d'hectares ont été remis aux autorités locales. Ces opérations entrent dans le cadre de la mise en œuvre de la Convention d'Ottawa, notamment son article 5, et dont l'Algérie est membre. C'est ce qui ressort d'un document remis à la presse par les organisateurs à l'occasion de la Journée mondiale de sensibilisation sur le danger des mines, organisée par le forum d'El Moudjahid en collaboration avec l'association Machaâl Chahid. Les unités de l'ANP en charge de l'exécution du programme de nettoyage des mines, notamment celles héritées du colonialisme, sont déployées à l'est et à l'ouest du pays, dans les communes de Mersa Ben M'hidi à Tlemcen, Tiout à Naâma, à Tébessa et Souk Ahras, où étaient érigées les lignes électrifiées Challe et Morice pour étouffer la Révolution. Celles-ci ont fait beaucoup de victimes parmi les populations civiles, y compris après l'indépendance. Les représentants du ministère de la Défense, du Croissant-Rouge algérien, de l'Association nationale des victimes des mines, celle du programme des Nations unies pour le développement (Pnud) ont participé à cette journée, au même titre que le PDG d'Algérie Poste qui a émis, à cet effet, un timbre spécial pour marquer l'événement. La commémoration intervient chaque année, le 4 avril, qui coïncide avec l'adoption de la Convention d'Ottawa sur le stockage et la destruction des mines. La France coloniale a laissé un lourd héritage de 10 millions de mines et l'ANP a procédé en deux phases (de 1963 à 1988 et de 2004 à ce jour) à une vaste opération de déminage pour rendre à la vie ces terres dévastée et stabiliser les populations. L'association Machaâl Chahid a pris sur elle l'engagement de « planter à l'endroit de chaque mine neutralisée un arbre qui symbolise la vie », rappelle son président, Abbad. L'opération a déjà démarré dans les wilayas de Souk Ahras, Naâma, Bechar et Tébessa. Cette année, le choix s'est porté sur la wilaya d'El Taref. Et pour clôturer cette opération à l'ouest du pays, ajoute-t-il, « Tlemcen accueillera l'année prochaine un colloque international sur les mines ». Mohamed Djoudi, président de l'Association des victimes des mines, a considéré que les mines plantées par le colonialisme constituent « une guerre dormante », « non déclarée », un « crime continue contre les populations, femmes, enfants et vieillards ». Elles n'ont même pas épargné la nature, détruisant toute vie sur terre. En 2012 et 2013, « il n'y a pas eu de victimes », s'est-il félicité mettant en exergue le rôle de l'ANP dans l'effort de déminage. La représentante du Pnud félicite l'Algérie La représentante du Pnud à Alger, Christina Amarel, a salué l'engagement de l'Algérie dans l'éradication des mines. L'interdiction et la destruction des mines antipersonnel est « une longue bataille », dit-elle. Le programme des Nations unies appuie les pays qui se sont engagés dans ce processus. Il contribue à cet effort via « un programme éducatif de sensibilisation des populations et des enfants surtout sur les risques des mines antipersonnel », explique-t-elle. Son appui sera maintenu en Algérie jusqu'à l'éradication totale de ces mines, c'est-à-dire d'ici à 2017. Pour Mme Amarel, il y a encore « trois millions de mines à neutraliser soit une mine par habitant dans les régions frontalières concernées » où l'on enregistrait jusqu'à 50 victimes annuellement. K. Daghefli Mme Saïda Benhabylès, présidente du CRA : Pour un Fonds international d'aide aux victimes La présidente du Croissant-Rouge algérien (CRA) a appelé, en tant que « militante des droits de l'homme », à l'institution d'un Fonds de solidarité, d'aide et de soutien aux victimes des mines. Ce Fonds serait alimenté par les contributions des grandes puissances, pays ayant une responsabilité dans ce drame. Mme Benhabylès s'est demandée pourquoi n'a-t-on rien fait jusque-là. « Où sont les chantres du droit humanitaire ? Comment se fait-il qu'après tant d'années on continue à fermer les yeux sur cette tragédie ? », s'est-elle offusquée.