Sept wilayas sont encore polluées par les mines antipersonnel, datant de l'époque coloniale, “vestiges” qui représentent encore une menace et continuent de faire des victimes parmi les populations locales. Prisonnière de cette situation, la population ne peut avoir accès au développement socioéconomique. C'est le thème qu'a choisi le Conseil économique et social (Cnes) pour une rencontre qui a réuni, jeudi, les membres du comité interministériel, des organisations internationales et des associations. Pour les besoins du message, le 1er Novembre, le président du Cnes, Mohamed-Seghir Babès, a eu recours, dans un discours-exercice de style assez docte, à l'allusion. Devant le ministre délégué de la Défense, le ministre des Affaires étrangères, le ministre délégué à la Communication ainsi que le président de la commission des Affaires étrangères de l'APN, M. Babès a commencé par un subtil détour autour de l'édifice qui a abrité la rencontre, l'hôtel militaire de Béni Messous. Tout un symbole. L'ANP, bien avant la convention d'Ottawa, a entamé le déminage et le nettoyage des lignes Challe et Morice. Ce que rappellera le colonel Hacène Gherabi qui préside le comité interministériel de suivi de l'application de la convention d'Ottawa sur les mines antipersonnel. M. Babès a évoqué surtout la démarche de l'instance qu'il préside, sa stratégie et ses objectifs à travers cinq axes fondamentaux. La représentante du Pnud à Alger a clairement affiché sa conviction que l'Algérie atteindra son objectif d'éliminer, d'ici 2012, toutes ses mines antipersonnel. “Je suis confiante que nous atteindrons cet objectif”, dira-t-elle. Elle a rappelé à son tour que l'Armée algérienne n'a pas attendu la convention d'Ottawa (1997 signée par 156 pays) pour déminer ses frontières Est et Ouest. “Nous traitons les séquelles de la nuit coloniale”, a-t-elle ajouté. Le Pnud, qui joue un rôle de soutien dans la prise en charge de la dimension humanitaire de la convention, s'engage aux côtés de l'Algérie, et “encourage son expérience” qui tend à inciter les autres pays à ratifier la convention d'Ottawa. Absent à la rencontre, le représentant de la Campagne internationale pour l'interdiction des mines (ICBL Genève) a adressé un message dans lequel il a salué l'engagement du comité interministériel et le programme d'action contre les mines antipersonnel. L'expérience algérienne devrait encourager les pays de la région à adhérer à la convention d'Ottawa, a-t-il estimé. Même ton dans le message de Aymène Sourour, représentant du Centre international de déminage humanitaire. Il a salué les efforts de l'Algérie dans l'élimination des stocks de mines, la prise en charge des victimes “sans aide extérieure”. C'est à la fois un défi et un combat, selon lui. Avec le problème des moyens techniques, le manque d'expérience et le terrorisme qui a frappé, entre autres, un des partenaires de ce programme de déminage, le siège du Pnud, l'Algérie a relevé ce défi. Le concept de déminage a évolué avec l'évolution des techniques, allant jusqu'à intégrer la dimension socioéconomique, lien établi entre la dépollution ou assainissement des terrains et le développement économique et leur effet sur la population locale. Il a enfin mis l'accent sur la présence de l'Algérie dans toutes les campagnes et manifestations contre les mines antipersonnel. Le colonel Gherabi a retracé l'historique des mines disséminées par l'armée coloniale, avec photos et diapos, pour illustrer l'ampleur de la menace, des victimes. Les différentes étapes de déminage, les terrains assainis et le dispositif législatif de prise en charge des victimes. Il a, cependant, estimé que l'effet de la convention d'Ottawa restera relatif si tous les pays ne la ratifient pas, notamment les pays producteurs. Et de rappeler l'appel du président Bouteflika pour le respect par tous des dispositions de ladite convention dont “le but ultime est un monde sans mines”. Par ailleurs, le Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (Crasc) d'Oran, représenté par sa directrice Mme Remaoun, a mené une enquête documentaire dont les résultats, outre l'identification de l'étendue des champs de mines, la connaissance précise, les besoins spécifiques des victimes, serviront de base de données pour les acteurs du déminage.