Le ton monte à nouveau entre la Russie et les Etats-Unis au lendemain du brusque soulèvement des populations russophones dans l'est de l'Ukraine, qui ont menacé de sécession, à l'image de la ville de Donetsk, proclamant une « République souveraine ». S'estimant « berné » dans l'affaire de la Crimée, Washington a haussé le ton. Par la voix du porte-parole de la Maison-Blanche, Jay Carney, l'administration américaine a appelé, lundi dernier, le président russe, Vladimir Poutine, à cesser de « déstabiliser » l'Ukraine l'accusant ouvertement d'« orchestrer » les manifestations pro-russes dans l'Est ukrainien, « preuves à l'appui ». Carney s'est montré particulièrement menaçant en mettant en garde contre toute incursion des troupes russes dans la région, qualifiant une telle action d'« escalade dangereuse ». La menace américaine s'est très vite matérialisée par l'envoi d'un destroyer lance-missiles (USS Donald-Cook) qui devrait arriver « d'ici une semaine » en mer Noire, selon le Pentagone, pour qui cette démarche vise à « rassurer les alliés est-européens inquiets de l'intervention russe en Crimée ». Autre mise en garde : l'Otan. Son secrétaire général, Anders Fogh Rasmussen, a appelé les autorités russes « à ne pas jouer l'escalade », en soulignant les « conséquences graves » d'une intervention qui constituerait une « erreur historique ». « L'agression illégale de la Russie contre l'Ukraine est le plus grand défi posé à la sécurité de l'Europe en une génération », a-t-il martelé, en référence à la « prise de contrôle » de la région ukrainienne de Crimée fin février dernier. Le patron de l'Otan a répété que la crise ukrainienne forçait l'Otan à « revoir ses plans de défense ». Cette escalade diplomatique entre les deux parties s'est, néanmoins, traduite par une volonté de négocier une issue de crise pacifique. Au cours d'une conversation téléphonique, les ministres des Affaires étrangères russe et américain ont discuté de « pourparlers directs d'ici dix jours » entre les Etats-Unis, la Russie, l'Union européenne et l'Ukraine pour tenter d'apaiser la tension. La Russie s'est dit prête à négocier avec Kiev mais exige la représentation des régions russophones du sud-est du pays. Lavrov exclut de cautionner une rencontre qui « ignorerait la contestation » qui secoue la région et reproche aux Etats-Unis de prêter aux autres ce qui est dans leurs propres « habitudes », après que Washington ait accusé Moscou de manipuler la contestation pro-russe. Lavrov a également averti Kiev contre une guerre civile après que le président ukrainien par intérim, Olexandre Tourtchinov, eut proclamé la guerre aux séparatistes russophones. « Les séparatistes qui prennent les armes, qui envahissent des bâtiments, seront traités comme le prévoient la Constitution et les lois, comme des terroristes et des criminels », a déclaré Olexandre Tourtchinov.