L'Algérie va vivre le 1er mai prochain un évènement particulier à l'occasion de la finale de la coupe d'Algérie. Quel est votre commentaire ? Ce sera vraiment une grande finale, comme on les aime. C'est un plateau royal dont rêvaient tous les amoureux du ballon rond. Il s'agit d'un évènement exceptionnel et historique, la JS Kabylie et le MC Alger se retrouvent pour la première fois en finale de cette épreuve. Ce sera donc un grand rendez-vous entre deux grands de notre football. Il en sera de même dans les gradins, puisque les deux équipes possèdent des galeries exceptionnelles. Il faut noter aussi que la JSK et le MCA ont des palmarès riches, que ce soit au niveau local ou continental. Le Mouloudia peut se targuer d'avoir offert une première coupe d'Afrique des clubs à l'Algérie en 1976. La JSK a, de son côté, excellé dans ce domaine, en comptabilisant deux coupes d'Afrique des clubs champions, une coupe des coupes et trois coupes de la CAF. Bref, on ne pouvait espérer meilleure affiche pour cette finale. J'espère que la fête sera totale et que le fair-play sera le grand vainqueur. Quelle est, selon vous, qui avez joué des finales de coupe, la clé du match ? Connaissant les spécificités de dame coupe, il me semble que l'issue de la rencontre dépendra du niveau de concentration et de la volonté des joueurs. L'équipe qui en voudra le plus aura le dernier mot. Il y a un autre détail : si la JSK joue au complet, elle aura d'importantes chances de brandir le trophée. Attention, le Mouloudia ne se contentera pas de subir le coup ! Il ne va pas abdiquer. Après sa désillusion lors de la finale de la saison passée face à l'USMA, le MCA tentera absolument de se ressaisir... Pas forcément. Tout dépendra de l'état physique et psychologique des joueurs mouloudéens le jour du match. Toute équipe qui atteint ce stade de la compétition peut prétendre au titre. En d'autres termes, Mouloudéens et Kabyles fouleront la pelouse du stade de Blida avec les mêmes chances. Cela va se jouer sur de petits détails. Et au risque de me répéter, la volonté et la concentration seront des éléments déterminants. Le championnat observe une longue trêve en raison de la tenue du scrutin présidentiel du 17 avril prochain. Cette trêve ne risque-t-elle pas de se répercuter négativement sur le niveau de la finale ? Je ne le crois pas. Le championnat est une chose et la finale de la coupe en est une autre. Jouer une finale constitue déjà une incroyable source de motivation. D'où mes prévisions d'un match plein. Les entraîneurs des deux clubs ont réfléchi à cette trêve, et un programme conséquent a été concocté pour y remédier. Je prévois donc un match ouvert et assez disputé. Etant un ancien de la JSK et un vrai amoureux de ce club, je lui souhaite beaucoup de succès. Une polémique née des déclarations de Hannachi et de la riposte des Mouloudéens oppose les deux clubs. N'y a-t-il pas un risque de répercussion sur le match ? Oui, c'est possible. Les dirigeants des deux clubs vont par précaution épargner les joueurs. Ceux-ci seront invités à se concentrer uniquement sur la rencontre. Les dires des uns et des autres sont faits pour alimenter les journaux. Le vrai débat aura lieu sur la surface de jeu. Les joueurs doivent donc rester concentrés pour tenter d'offrir à leurs galeries respectives un sacre et par la même occasion enrichir leurs palmarès. La JSK et le MCA s'étaient rencontrés cinq fois en coupe. Le Doyen mène largement avec quatre qualifications. Est-ce un avantage psychologique pour les Mouloudéens ? Théoriquement, oui. Mais le terrain pourrait me contredire. C'est une arme à double tranchant. Le staff technique kabyle pourrait en profiter pour en faire une source de motivation des joueurs. Où situez-vous les points forts de la JSK ? Elle en a plusieurs. D'abord, la richesse de son effectif et son esprit de solidarité. Des éléments comme Ebossé, Rial, Aiboud, Benlamri et le gardien Asselah sont capables de faire la différence. A cela s'ajoute la compétence de l'entraîneur Azzedine Aït-Djoudi. La JSK peut également compter sur ses valeureux supporters. Et pour le MCA ? Le Mouloudia a un point commun avec la JSK, ses supporters. Ces derniers ont montré à plusieurs reprises qu'ils constituent le véritable bras droit de l'équipe. C'est une galerie capable de pousser son équipe à se surpasser même dans les pires moments d'un match. Ceci sans oublier la force de Hachoud doté d'une justesse incroyable dans l'exécution des balles arrêtées. Le retour de certains joueurs comme Metref pourrait constituer un atout supplémentaire. Vous avez participé à deux finales de coupe d'Algérie avec la JSK. Des souvenirs ? Naturellement. Il y en a plein. Un mauvais souvenir d'abord, celui d'avoir perdu la finale contre l'USM Bel-Abbès en 1991. Pourtant, nous étions superfavoris. Le bon souvenir est d'avoir remporté l'épreuve une année après à Oran en battant l'ASO Chlef. Justement, comment expliquer cette défaite contre l'USMBA alors que la JSK avait remporté la coupe d'Afrique des clubs champions (rebaptisée Ligue des champions) quelques mois auparavant contre Nkana Red Devils ? Je ne m'en remets toujours pas malgré les années. Il n'y avait pas une ambiance favorable au sein de l'équipe. Le groupe était quelque peu divisé à cause de certains facteurs que je préfère ne pas étaler sur les colonnes des journaux. Dommage pour un grand club comme la JSK. Nous étions les meilleurs en Algérie et en Afrique. Beaucoup se posent la question pourquoi Djahnit a quitté la JSK alors que vous étiez un cadre intouchable. Des explications ? Le départ des entraîneurs Mahiedine Khalef et Stephane Zewotko en est la principale raison. Ce sont des techniciens hors pair. Ils ont fait de la JSK un symbole de réussite, un mythe. L'avènement de dirigeants médiocres a été la goutte qui a fait déborder le vase. Je ne pouvais pas rester dans un climat si difficile. Malgré tout, la JSK a résisté et réussi à remporter des titres en Algérie et en Afrique. On vous laisse le soin de conclure. Je m'adresse aux magnifiques supporters de la JSK et du MCA pour faire de la finale de la coupe d'Algérie une fête de la discipline. Une occasion en or pour eux de donner une belle image d'une Algérie civilisée et unie.